Une étape cruciale vient d'être franchie pour implanter le programme québécois de dépistage du cancer colorectal (PCDCCR), tel que promis par l'ancien ministre de la Santé, Yves Bolduc.

Après des mois d'analyses, l'Institut national d'excellence en santé et en services sociaux (INESSS) vient de dévoiler le seuil qui servirait de base aux médecins pour qu'ils dirigent un patient vers la coloscopie quand du sang occulte est détecté dans les selles. La tâche n'a pas été facile puisque les études scientifiques à ce sujet au pays et ailleurs dans le monde sont à peu près inexistantes.

L'INESSS s'est attardé au dépistage du cancer colorectal chez des personnes qui ne ressentent aucun symptôme ou qui ont un «risque moyen» de contracter ce type de cancer. L'un des auteurs du rapport, l'expert Éric Potvin, a expliqué qu'il faut établir une échelle permettant de réduire au minimum le nombre de faux positifs et d'ainsi parvenir à éviter au patient le stress de l'attente d'une coloscopie avec la menace d'un diagnostic grave.

«Le cancer colorectal peut se développer sur une période de 10 ans, et des gens peuvent mourir d'une autre façon sans jamais savoir qu'ils étaient atteints, rappelle l'expert. Une coloscopie n'est pas sans risque. On a donc tenté d'évaluer un seuil acceptable de positivité.»

Cette mesure complexe est assez difficile à comprendre pour le commun des mortels, mais l'Institut estime que le Québec devrait travailler avec un «échantillon unique» de recherche de sang occulte dans les selles et recourir à des examens plus poussés quand ce seuil est de 175 nanogrammes (un milliardième de gramme) par millilitre. En Allemagne et aux États-Unis, la recherche de sang occulte dans les selles a carrément été écartée et les médecins se basent uniquement sur la coloscopie. Au Canada, certaines provinces ont décidé d'analyser deux échantillons pour diagnostiquer ce type de cancer.

«Nous en sommes encore à l'étape de l'expérimentation à ce chapitre, précise Éric Potvin, de l'INESSS. Et on peut dire que le Québec est l'un des premiers à présenter des arguments scientifiques.» Nouvellement porté au pouvoir, le Parti québécois n'a pas encore confirmé s'il entend suivre la même voie que les libéraux en implantant le programme comparable à celui du dépistage du cancer du sein. Annoncé en 2010 au coût de 2,7 millions, ce programme, qui en est encore à la phase un (exploratoire), doit être offert à l'ensemble de la population âgée de 50 à 74 ans d'ici 2014.