Plus de 600 patients de l'hôpital du Lakeshore qui ont subi une coloscopie au cours des trois dernières années devront repasser d'urgence un examen au cas où il aurait été mal fait la première fois. De nombreuses erreurs décelées dans les dossiers d'un ex-médecin font craindre le pire à l'établissement de l'ouest de l'île.

«Une évaluation laisse présager que des examens réalisés par un médecin oeuvrant dans l'établissement durant cette période pourraient être incomplets», a fait savoir l'établissement, mercredi.

Les failles ont été découvertes grâce à un contrôle de qualité aléatoire. Le médecin fautif, un chirurgien général de 28 ans d'expérience, n'avait pas documenté adéquatement ses procédures, laissant planer un doute sur la qualité des centaines de coloscopies qu'il a effectuées. «À cause de la documentation manquante, on n'arriva pas à savoir s'il a vraiment examiné toutes les parties de l'organe, alors on a jugé que ce serait plus prudent de recommencer», explique le Dr Richard Germain, président du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens du CSSS de l'Ouest-de-l'Île, qui gère l'hôpital.

Sa collègue gastro-entérologue Gilberte Thibert se veut rassurante. «Ce n'est pas parce qu'on fait un rappel d'examen que les patients doivent s'inquiéter. On le fait à titre préventif.»

En tout, ce sont 684 personnes qui ont été contactées par l'hôpital. Toutes étaient suivies par le même médecin et ont passé l'examen, qui sert à dépister des maladies graves comme le cancer du côlon, entre 2009 et 2012. «Les gens ont été avisés par courrier recommandé et nous leur avons fourni un numéro de téléphone d'urgence pour nous joindre», explique Geraldine Matthews, coordonnatrice des unités spécialisées. À midi, 200 patients avaient téléphoné et 80 avaient pris un nouveau rendez-vous. Afin d'accélérer le processus de reprise et de ne pas allonger le temps d'attente pour les patients réguliers, les personnes visées par la reprise seront vues le soir ou le week-end. Elles pourront aussi être dirigées vers d'autres hôpitaux de Montréal avec lesquels une entente a été conclue. «Le but est d'avoir terminé d'ici trois mois», indique Mme Matthews.

Quant au médecin, dont l'hôpital n'a pas souhaité révéler l'identité, il a vu son droit de pratique grandement limité par le Collège des médecins, cet été. Il n'a notamment plus le droit d'effectuer des coloscopies, ni des chirurgies en établissement public. «Le médecin s'est engagé à ne procéder qu'à des consultations et à des chirurgies mineures en cabinet privé», explique la porte-parole du Collège, Leslie Labranche. Le syndic de l'ordre professionnel suit le dossier de près.