Le gouvernement nouvellement élu de Pauline Marois doit faire de la prévention du suicide une priorité dans le domaine de la santé, plaide une association vouée à cette cause. L'épidémie observée durant les années 90 a beau avoir été endiguée, le Québec demeure la province canadienne la plus touchée par ce fléau.

Tous les jours, environ trois Québécois s'enlèvent la vie. En 2009, deux fois plus de personnes sont mortes à la suite d'un suicide que d'un accident de la route, révèlent les plus récentes données de l'Institut de la statistique du Québec. «Il n'y a pas de raison que ça soit comme ça», s'indigne Bruno Marchand, directeur général de l'Association québécoise de la prévention du suicide (AQPS).

Alors qu'on souligne aujourd'hui la Journée mondiale de la prévention du suicide, l'organisation se montre encouragée par l'élection du Parti québécois. Même si la question du suicide n'a pas été évoquée lors de la campagne, la formation de Pauline Marois s'est engagée dans son programme électoral à «relancer une véritable stratégie de prévention du suicide» afin «d'aider la population à détecter la détresse psychologique et les pensées suicidaires». «Nous, on souscrit complètement à ça», affirme Benoît Marchand, directeur général de l'AQPS.

Facteurs culturels

Le taux de suicide diminue au Québec depuis le tournant des années 2000, mais il demeure le plus élevé au Canada - à l'exception des territoires nordiques. En 2009, 1146 Québécois se sont enlevé la vie, principalement des hommes (77%).

«Ce n'est pas une question de richesse, de génétique, mais il y a une question culturelle. On est peut-être trop tolérant envers le suicide», déplore Benoît Marchand. Il donne pour preuve le taux de suicide dans l'île de Montréal, plus élevé dans la communauté francophone que chez les anglophones et pratiquement nul dans plusieurs communautés immigrantes.

«Quand on vient d'Haïti et qu'on vit à Montréal, le taux de suicide reste bas tant qu'on n'arrive pas à la deuxième ou troisième génération. Ces données nous indiquent qu'il y a quelque chose de culturel sur lequel on peut agir», explique M. Marchand.

Certaines régions du Québec sont davantage touchées: le taux de suicide est ainsi plus élevé sur la Côte-Nord (21,5 par 100 000 habitants) et en Mauricie (19,5). À l'inverse, les régions de Laval (8,0) et de Montréal (11,0) affichent les taux les plus bas, selon un rapport du Bureau du coroner.

Les données de l'Institut de la statistique du Québec démontrent que le suicide est la principale cause de décès chez les 20-34 ans, devant les accidents de la route. C'est toutefois chez les hommes de 35 à 49 ans qu'on observe le plus haut taux de suicide: 34,4 morts par 100 000 habitants. Au Canada, le suicide est la neuvième cause de décès (septième chez les hommes).