Des experts de partout dans le monde ont mis la table pour que le Canada emboîte le pas à l'Australie en interdisant aux géants du tabac d'afficher leur logo sur les paquets de cigarettes. Réunis lors du Congrès mondial sur le cancer qui se tient cette année à Montréal, des chercheurs provenant de la Norvège, des États-Unis, du Japon et même de l'Indonésie ont commencé à débattre des aspects légaux de santé publique.

Jeudi matin, une spécialiste de l'Australie viendra expliquer comment son équipe a réussi un tour de force en parvenant à faire adopter une loi interdisant d'afficher les logos sur les paquets. Grâce à un jugement de la Haute Cour d'Australie qui a rejeté les arguments des groupes de tabac selon lesquels leur marque serait anéantie, les logos des multinationales du tabac seront bannis des paquets de l'Australie dès le mois de décembre.

Prochaines étapes

Lors d'une présentation, Rob Cunningham, de la Société canadienne du cancer, a fait le point sur les mesures implantées au Canada et les étapes qu'il reste à franchir dans la lutte contre le tabagisme. Il a expliqué que le pays a marqué des points en interdisant la vente des cigarettes à saveur de fruits, de vanille ou même de chocolat, mais a déploré que le menthol soit toujours permis. Il a aussi regretté que le buffet soit en quelque sorte à volonté en ce qui concerne les cigares de 1,4 g et moins.

«Le fédéral a déjà réalisé beaucoup en modifiant la loi sur les saveurs et en obligeant les fabricants à afficher des avertissements sur 75% de la superficie des paquets, mais il faut la renforcer davantage, a-t-il dit. Au Brésil, par exemple, toutes les saveurs sont interdites. C'est un modèle. On pense par ailleurs que la Nouvelle-Zélande, qui se penchera sur les emballages neutres au mois d'octobre, pourrait créer une impulsion internationale nous permettant de réclamer la même chose au Canada.»

La santé publique en priorité

Anne Lise Riel, avocate de la Norvège engagée dans la lutte contre le tabac, a expliqué les points de droit qui ont permis au pays d'interdire les présentoirs de tabac et des produits dérivés dans les points de vente de tabac malgré une poursuite de Philip Morris International. «Il faut mettre l'accent sur les aspects concernant la santé publique, a-t-elle expliqué. Philip Morris ne pouvait pas contredire les effets nocifs et même meurtriers du tabac.»

Au sujet de la santé, un expert de l'Université de l'Indonésie, Abdillah Ahsan, a expliqué que les cigarettes arrivent chez lui au deuxième rang des achats de biens de consommation... après la viande. Son équipe tente de convaincre le pays d'augmenter les taxes auprès des fabricants afin que le prix des cigarettes augmente considérablement. Actuellement, un paquet de 12 cigarettes coûte 30 cents, ce qui est moins cher qu'un grand sac de friandises, a-t-il ajouté.