Médecins et groupes de défense des malades menacent de poursuivre le gouvernement si des travaux de rénovation majeurs ne sont pas entrepris rapidement dans le seul hôpital francophone de l'ouest de l'île. Selon eux, Québec a tellement tardé que l'hôpital Saint-Joseph-de-Lachine est maintenant dangereux pour les patients.

Québec a promis en 2008 quelque 55 millions de dollars pour moderniser l'établissement de Lachine, qui dessert quelque 250 000 francophones. Près de quatre ans plus tard, les travaux ne sont toujours pas commencés. «Les patients sont cordés partout. Ils sont 10 par salle de bains et dorment souvent collés sur le lit d'un autre, rage le Dr Paul Saba. Toute cette proximité augmente les risques d'infection.»

En compagnie du président du Conseil de la protection des malades, Paul Brunet, et de celui du Mouvement Québec français, Mario Beaulieu, le médecin a interpellé les partis politiques en campagne électorale. «On veut savoir s'ils vont s'occuper des patients francophones de l'ouest de l'île ou s'ils vont continuer à les ignorer. Nous voulons leur offrir des soins de qualité et, en ce moment, c'est très difficile.»

«Les gens se sentent abandonnés, on croirait presque de la discrimination envers les francophones», accuse Mario Beaulieu.

Selon l'échéancier de 2008, alors que le sous-ministre de la Santé avait signé un contrat promettant de l'argent pour des travaux et que le ministre de l'époque, Philippe Couillard, avait assuré que l'établissement conserverait son caractère linguistique unique dans le secteur, la première phase des rénovations aurait dû être complètement terminée pour 2012. Ce n'est pas le cas.

«On va attendre les élections, puis, si rien ne bouge, nous allons nous tourner vers les tribunaux, prévient Paul Brunet. Nous avons un contrat signé en main et nous entendons le faire respecter.»

Le groupe s'inquiète aussi de la situation linguistique à l'hôpital, devenu bilingue depuis sa fusion avec le Centre universitaire de santé McGill (CUSM). «La langue de travail est beaucoup l'anglais et on a entendu que des médecins unilingues anglophones y travaillent», déplore Mario Beaulieu.

Le ministre de la Santé Yves Bolduc se fait rassurant. «Les rénovations vont se faire et l'hôpital va continuer à être un centre de chirurgie », promet-il. « Je suis tout à fait d'accord que l'établissement a besoin de rénovations. Je ne remets pas la nécessité du projet en doute. Mais c'est au CUSM de gérer ses chantiers et de faire avancer le dossier de Lachine. Il y a plusieurs étapes avant celle de la construction. Quand ils seront prêts, l'argent sera là.»