La nouvelle a eu l'effet d'une gifle pour la délégation québécoise à la Conférence internationale sur le sida. Lundi, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a décidé d'annuler la campagne de publicité pour la Journée mondiale du sida, le 1er décembre, pour des «raisons financières».

«Je ne comprends pas. Tout le monde ici est abasourdi, estomaqué. Ça va complètement contre ce qui se passe ici», dit le Dr Réjean Thomas, qui participe à la conférence, à Washington. Les 25 000 chercheurs réunis depuis dimanche répètent qu'il serait maintenant possible de stopper l'épidémie de sida grâce aux avancées de la médecine. Il ne manque que la volonté politique, soutiennent-ils.

Or, la décision du Ministère d'annuler la campagne de publicité vient abruptement leur scier les jambes.

«On n'a même plus d'éducation sexuelle dans les écoles depuis 2003, alors imaginez quand il n'y a plus de campagne de communication en plus. Ça donne l'impression que les infections transmises sexuellement et par le sang (ITSS), ce n'est pas grave, que le sida, ce n'est pas grave, et que tout est complètement réglé, alors que ce n'est pas du tout le cas», affirme le Dr Thomas.

À la clinique L'Actuel, 34% des nouveaux cas d'ITSS sont dépistés chez des personnes de moins de 30 ans et 18% chez des jeunes de moins de 18 ans. Le Dr Thomas souligne également que de 400 à 600 nouveaux cas d'ITSS sont diagnostiqués chaque année au Québec.

Le MSSS n'était pas en mesure de répondre à nos questions hier. «Il ne sera pas possible de présenter, comme par le passé, une campagne de communication à l'occasion de la Journée mondiale sida du 1er décembre ainsi que des campagnes auprès des jeunes et des adultes», pouvait-on lire dans le message de cinq lignes adressé aux directeurs de la santé publique de la province.