La grève a été évitée de justesse, hier, pour 800 techniciens ambulanciers qui desservent Montréal et Laval. Il reste encore des détails à ficeler, mais une entente de principe sera proposée aux 2500 ambulanciers paramédicaux représentés par la CSN.

Les ambulanciers paramédicaux d'Urgences-santé continuent de faire les frais des urgences de Montréal et de Laval qui débordent. Chaque jour, cinq à dix civières continuent d'être retenues aux urgences faute de lits pour prendre en charge les patients dans les hôpitaux, et ce, durant parfois plus d'une heure.

Pendant ce temps, les ambulances ne peuvent pas reprendre la route pour répondre à d'autres appels d'urgence. Urgences-santé a beau décrier la situation année après année, le même scénario se répète, a constaté La Presse.

Les plus récentes données, que La Presse a obtenues, indiquent que la problématique est plus aiguë dans certains hôpitaux, notamment à Sacré-Coeur, un établissement qui reçoit les cas de traumatologie. Mais le scénario se répète souvent à l'hôpital Royal Victoria (CUSM), à Maisonneuve-Rosemont, à l'hôpital Notre-Dame (CHUM) et à l'Hôpital général juif.

En moins de trois mois, l'an dernier (soit de décembre à février 2011), l'Hôpital du Sacré-Coeur a été dans l'obligation de retenir près de 60 fois des ambulances en attentant qu'un lit se libère pour prendre en charge les patients. Au total, durant cette période, les ambulanciers paramédicaux ont été coincés à cet hôpital durant près de 40 heures. Autant d'heures pendant lesquelles ils ne peuvent pas reprendre la route.

Avec une cible de neuf minutes pour répondre aux urgences, cette attente peut avoir des conséquences sur les délais de réponse. Mais aussi paralyser du personnel et des ambulances qui ne sont pas toujours en grand nombre sur les routes. Le porte-parole d'Urgences-santé, Stéphane Smith, explique que le phénomène est «multifactoriel».

«Certains jours, des urgences fonctionnent à 200 %, les infirmières doivent s'occuper de sept à huit patients chacune. On se doit d'aller à l'hôpital le plus près même s'il est évident qu'on ne va pas transporter trois patients souffrant d'une crise cardiaque dans la même heure aux mêmes urgences. Il n'en demeure pas moins qu'à un moment donné, il finit par manquer de lits pour accueillir les patients.»

À l'Hôpital du Sacré-Coeur, on indique que l'année a été particulièrement difficile aux urgences, qui ont reçu un nombre record de 60 000 visites. «Nous n'avons pas eu de requête ou de communications avec Urgences-santé nous indiquant que les civières coincées sont problématiques, explique Marie-Josée Simard, porte-parole. Ce que je peux vous dire, c'est qu'il est difficile de contrôler cinq ambulances qui arrivent en même temps, parfois de l'extérieur de la région pour des transferts. On a toute une équipe consacrée au flot des patients aux urgences, mais ça n'a pas été facile cette année.»

Achat de civières

La Cité-de-la-Santé de Laval, qui figure dans le haut du palmarès des urgences qui retiennent le plus de civières, s'est démarquée cette année en parvenant à libérer les ambulanciers dans des délais raisonnables. Plusieurs facteurs expliquent cette performance, notamment l'achat de huit civières, identiques à celles des ambulanciers, avec lesquelles ils peuvent repartir sur la route.

Le directeur des services professionnels et hospitaliers pour le centre de santé et de services sociaux de Laval, le Dr Alain Goudreau, affirme que d'autres mesures seront implantées à l'automne. «Les urgences sont le symptôme du reste, dit-il. On a commencé à implanter des mesures simples, comme des liens avec les CLSC afin d'avoir rapidement le portrait de la clientèle vulnérable et ainsi éviter des examens inutiles. On a aussi simplifié le processus de transfert aux étages en uniformisant les formulaires. On s'arrange aussi pour donner les congés aux patients tôt dans la journée afin de préparer les chambres pour les prochains patients. Et on a aménagé un salon des départs pour les patients.»