Les producteurs de pommes du Québec et ceux de Colombie-Britannique demandent à Santé Canada de ne pas autoriser la culture de la pomme «Arctic», une variété génétiquement modifiée pour ne pas brunir lorsqu'elle est coupée.

Ce fruit OGM a été développé par l'entreprise canadienne Okanagan Specialty Fruits, de Colombie-Britannique.

La Fédération des producteurs de pommes du Québec et la BC Fruit Growers' Association estiment que l'introduction d'une telle culture menace la production de pommes naturelles, puisqu'il est impossible d'en contrôler la pollinisation par les insectes butineurs, qui ne peuvent être confinés dans un espace donné.

Cette préoccupation face aux croisements involontaires est d'ailleurs bien documentée, soutient le directeur général de la Fédération des producteurs de pommes du Québec, Daniel Ruel.

«Monsanto a poursuivi des producteurs dans des pays africains parce que les abeilles ou les insectes butineurs ont emporté du pollen des plantes transgéniques dans des plantes naturelles, et ils ont découvert qu'avec le temps, dans les plantes naturelles, il commençait à y avoir des éléments transgéniques, raconte-t-il. Monsanto leur reprochait d'utiliser leur produit mais les producteurs n'avaient jamais planté ce produit.»

De plus, il dit ne pas voir la nécessité d'introduire un tel produit sur le marché.

«La Fédération est contre l'arrivée de cette nouvelle variété transgénique tant et aussi longtemps que ça ne démontre pas de valeur ajoutée, et qu'on n'a pas une façon de l'identifier et de s'assurer que le consommateur comprenne bien ce qu'est un aliment OGM, poursuit M. Ruel. Nous croyons que nos variétés obtenues par croisement naturel satisfont le marché dans le secteur des pommes.»

Il précise qu'une autre menace se situe du côté de la perception. Dans l'éventualité où une pomme transgénique se retrouverait sur le marché, la Fédération dit craindre que les gens ne réduisent leur consommation de pommes de crainte d'en acheter une variété génétiquement modifiée qui ne serait pas identifiée.

En marge de leurs représentations auprès des instances gouvernementales - notamment l'Agence canadienne d'inspection des aliments, qui relève de Santé Canada -, les syndicats de producteurs du Québec et de Colombie-Britannique ont rendu public cette semaine les résultats d'un sondage qu'ils ont commandé et qui suggère une forte réticence de la part des consommateurs de voir apparaître de tels fruits sur le marché.

Selon l'enquête, réalisée par Léger Marketing, 69 pour cent des répondants se sont prononcés contre l'approbation de la pomme Arctic par le gouvernement fédéral.

Par ailleurs, trois répondants sur quatre croient qu'Ottawa n'a pas donné suffisamment d'information sur les aliments génétiquement modifiés pour que les consommateurs puissent prendre une décision éclairée. Et 91 pour cent des répondants estiment que le gouvernement canadien doit rendre obligatoire l'étiquetage des aliments génétiquement modifiés.

Le sondage a été réalisé en ligne entre le 26 et le 29 juin 2012 auprès de 1501 Canadiens de plus de 18 ans.