Coca-Cola peut se réjouir: l'UQAM a abandonné l'application du programme Défi vitalité dans ses machines distributrices, a appris La Presse. Lancé en 2007, ce programme visait «à améliorer l'état de santé de l'ensemble de la communauté universitaire» en s'assurant que moins de 25% des aliments vendus dans les distributeurs automatiques n'étaient pas nutritifs. Or, les sachets de noix et de fruits secs et les barres de céréales se vendent mal, a dit Sylvain Thibault, directeur des services alimentaires de l'UQAM.

Le code de trois couleurs (vert pour les aliments santé, bleu pour les aliments nutritifs à consommer avec modération, orange pour la malbouffe) qui avait été instauré a aussi été retiré. Actuellement, «peut-être que 75% des produits vendus dans les machines ne sont pas santé», a reconnu M. Thibault.

Exemple: au centre sportif de l'UQAM, un choix de 94 boissons froides était offert dans 3 distributeurs, lundi. Du lot, seuls 16 étaient des jus de fruits purs. Le reste était constitué de boissons énergisantes Rockstar (13 saveurs offertes), de boissons gazeuses, de frappés au café, d'eau sucrée VitaminWater et de cocktails de jus.

Plusieurs formats sont si gros qu'ils ne pourraient être vendus à New York, où le maire Michael Bloomberg a annoncé son intention d'interdire la vente de boissons sucrées de plus de 500 ml. «Ces grands formats sont un non-sens, même pour du jus pur, a observé Paul Boisvert, coordonnateur de la chaire de recherche sur l'obésité de l'Université Laval. Ils représentent deux ou trois portions et on sait que les gens finissent par les boire dans une même journée.»

Un distributeur à crème glacée et mets surgelés a aussi été installé à l'UQAM. D'autres machines vendent une minorité de produits santé (boisson de soya, noix, etc.), à côté de plusieurs choix de croustilles, friandises et biscuits.

Pour satisfaire la majorité

L'UQAM vend-elle de la malbouffe pour rentabiliser ses machines? «Pas du tout, a assuré M. Thibault. C'est une question d'offrir de la variété. Comme fournisseur, je dois satisfaire la plus grande majorité.»

Émilie Dansereau-Trahan, de l'Association pour la santé publique du Québec, s'est dite «particulièrement préoccupée par la présence de boissons énergisantes dans un établissement sportif universitaire». Ces boissons ne sont pas formulées pour le sport, a-t-elle souligné. «Elles peuvent causer un déséquilibre électrolytique, une déshydratation et une irrégularité du rythme cardiaque.»

«Il ne faut pas oublier qu'on est dans un milieu universitaire, a fait valoir M. Thibault. Les gens ont des périodes d'étude intenses et ont besoin, à certains moments, d'aller chercher une certaine vigilance.»

Peu de produits santé sur le marché

Quant à la Coalition poids, elle s'attend «à ce que les établissements publics, dont fait partie l'UQAM, limitent la vente des boissons sucrées et mettent systématiquement en valeur les choix plus sains», a indiqué la responsable des communications, Amélie Desrosiers.

Or, «le marché n'offre pas beaucoup de variété en matière de produits santé», a plaidé M. Thibault. «Pour le jus, nous avons un contrat avec Minute Maid, qui appartient à Coke. Ils ont seulement quelques saveurs de jus 100% pur.»

Et encore faut-il que les étudiants les adoptent. L'UQAM a tenté de vendre du jus de légumes V8 enrichi en fibres, «mais [...] l'a retiré parce que ça ne se vendait pas», a illustré M. Thibault. «Il ne faut pas se le cacher, les produits vraiment santé, les mélanges de noix, les fruits secs, les barres tendres, ce ne sont pas les plus populaires.»

D'autres collations saines (sachets de minicarottes, de tomates, etc.) pourraient tout de même être offertes bientôt, selon M. Thibault. À l'automne, un nouveau logo permettant de reconnaître les choix santé sera aussi ajouté, dans le cadre du programme 8défis.com. Rien n'identifiera les mauvais choix.