Les erreurs de médicaments pourraient être évitées dans 42% des cas chez les personnes âgées vivant en institution, selon l'Association américaine de gériatrie, qui vient de lancer son nouveau guide des «médicaments possiblement inappropriés» pour les personnes âgées. Près de la moitié d'entre elles subissent ce genre de problème au moins une fois par année.

Le guide, Les critères de Beers, a été complètement révisé pour tenir compte de toutes les études sur le sujet, par un chercheur américain, pour la première fois depuis sa création en 1990. «Je l'ai dans ma sacoche», commente Marie-Jeanne Kergoat, de l'Université de Montréal, qui dirige le programme québécois inter-universitaire de résidence de gériatrie. «Je préfère parfois le guide européen, parce que le classement est par diagnostic, plutôt que par médicament. Mais les nouveaux critères de Beers seront utilisés ici.»

Effets secondaires

L'avantage du guide de Beers, qui tire son nom de son inventeur, est qu'il ne comporte que des médicaments utilisés en Amérique du Nord, selon Allen Huang, de la division de gériatrie du Centre universitaire de santé McGill.

«Le problème avec les personnes âgées, c'est qu'elles prennent beaucoup de médicaments, parfois jusqu'à une douzaine par jour, dit le Dr Huang. Il y a plus souvent des interactions entre les médicaments. Et les personnes âgées sont plus sensibles aux effets secondaires des médicaments. Quand je vois aux urgences un patient qui vient de tomber et de se casser la hanche, et qui prenait de fortes doses de benzodiazépines, je me dis que c'est une situation qu'on aurait potentiellement pu prévenir.»

Le coût de ces erreurs est énorme: 7,2 milliards de dollars US par année aux États-Unis rien qu'en dépenses de santé - sans compter les souffrances et les décès précoces. En adaptant ce chiffre pour le Québec, le coût dépasse 150 millions, soit 0,4% du budget provincial de la santé.

Le problème, c'est que les médecins n'ont pas toujours le temps de faire les vérifications avec le guide, selon le Dr Huang. «Les patients ne se souviennent pas nécessairement de ce qu'ils prennent. Il y a des calepins où ils peuvent tout noter, mais peu s'en servent. La seule solution qui révolutionnera vraiment les problèmes de médication chez les personnes âgées, c'est l'utilisation de dossiers médicaux informatisés. Le personnel aura des alertes automatiques et pourra évaluer la situation en toute connaissance de cause.»

Le Dr Huang a fourni à La Presse une étude québécoise datant de 1994, montrant qu'on prescrit au moins un médicament possiblement inapproprié chaque année à 46% des personnes âgées.

On trouve les critères de Beers (en anglais) sur le site: www.americangeriatrics.org.

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42% Proportion des erreurs de médicaments évitables chez les personnes âgées vivant en institution.