Même s'il demeure la cause principale de mortalité au Canada, le cancer tue de moins en moins de Canadiens. N'empêche, les autorités de santé publique prévoient qu'il y aura 186 400 nouveaux cas de cancer au pays en 2012, dont 47 600 au Québec.

De 1988 à 2007, le taux de mortalité global pour tous les cancers a diminué de 21% chez les hommes et de 9 % chez les femmes, ce qui aurait permis de «sauver» 100 000 vies en 20 ans, révèlent les statistiques les plus récentes, publiées aujourd'hui par la Société canadienne du cancer, l'Agence de la santé publique du Canada, Statistique Canada et les registres provinciaux et territoriaux du cancer. La diminution du nombre de décès se reflète dans les quatre principaux cancers soit ceux du poumon, du sein, de la prostate et colorectal.

Il reste que 75 700 Canadiens vont mourir du cancer cette année, dont 20 000 Québécois.

Tabagisme et salons de bronzage

Le cancer le plus meurtrier reste celui du poumon. Près du tiers des décès sont attribuables à cette forme de la maladie. On estime que, en 2012, plus de 20 000 personnes vont en mourir. Fait troublant, le taux de mortalité lié au cancer du poumon a chuté de 29 % chez les hommes, mais il a augmenté du double durant la même période chez les femmes. Cet écart s'expliquerait par le fait que le tabagisme est en régression depuis les années 60 chez les hommes, alors qu'il ne l'est que depuis les années 80 chez les femmes, croit la Société canadienne du cancer. Le tabagisme est aussi un facteur de risque pour 18 types de cancer.

Le cancer de la peau serait le plus fréquent au Québec, même s'il n'existe pas de statistiques sur la maladie puisque les mélanomes ne sont pas toujours traités dans les centres hospitaliers, qui compilent les chiffres. Les autorités pensent que de 22 000 à 35 000 nouveaux cas surviennent chaque année dans la Belle Province.

C'est pourquoi la Société canadienne du cancer demande au ministre Yves Bolduc de resserrer la loi sur le tabac et d'augmenter la taxe sur le produit au taux de l'Ontario, le plus bas au Canada après celui du Québec. Elle demande aussi au gouvernement du Québec d'encadrer davantage les salons de bronzage et d'interdire leur fréquentation aux mineurs.

Registre contre le cancer

Même si les statistiques permettent de tirer certaines conclusions sur le cancer, seul le registre national promis par le gouvernement du Québec permettra de brosser un portrait juste de la situation, estime la Société canadienne du cancer. L'organisme se questionne d'ailleurs sur la lenteur de la mise sur pied du registre et dénonce le manque de ressources pour y parvenir. Toutes les autres provinces canadiennes possèdent un registre.

En février 2011, le premier ministre Jean Charest avait annoncé dans son discours inaugural la création d'une direction québécoise qui coordonnerait les ressources pour le cancer. Cette direction a été chargée de superviser la mise sur pied d'un registre centralisé des personnes atteintes du cancer.

«On en parle depuis 2008. On trouve que c'est long, très long avant d'avoir les chiffres, déplore Mélanie Champagne, coordonnatrice à la division québécoise de la Société canadienne du cancer. C'est très clair que le gouvernement n'a pas investi les sommes appropriées. Présentement, il n'y a pas de budget alloué à chaque établissement pour qu'il compile les données pour le registre».

La critique du Parti québécois en matière de santé, Agnès Maltais, est du même avis. Elle affirme que tous les établissements de santé ont fourni leurs données à la direction, mais que seulement 64 % d'entre elles sont complètes. Elle dénonce le manque de transparence du ministre sur les progrès de la direction. «Le problème, c'est qu'ils parlent d'établissements, mais si les données du CHUM, du CHUS ou du CHUQ sont incomplètes, on n'a pas grand-chose.»