Les ténors du domaine de la santé au Québec s'entendent pour dire que l'attente interminable dans les urgences n'est que le «symptôme» d'un problème en amont, qui ne peut se résoudre qu'avec des ressources ailleurs. La porte-parole en matière de santé pour le Parti québécois, Agnès Maltais, estime qu'il faut impérativement investir dans les soins à domicile.

«Quand notre parti a quitté le pouvoir, l'attente dans les urgences était de 16 heures. Elle est maintenant de 17 heures, affirme-t-elle. On dirait que le ministre de la Santé n'a pas pris ses responsabilités. Selon nous, il est clair qu'il faut cibler le maintien à domicile pour les personnes de 75 ans et plus. On propose d'ailleurs un investissement de 500 millions dans les soins à domicile.»

Les réactions n'ont pas tardé au lendemain de la publication du septième palmarès des urgences de La Presse, qui démontre que le temps d'attente moyen sur des civières a très légèrement diminué depuis l'an dernier, passant de 17 h 36 à 17 h 12, pour la même note de C. À Montréal, l'attente est toujours interminable, avec une moyenne de 20h30.

Réactions de la CAQ

François Legault, chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), estime qu'il faut des mesures pour inciter les groupes de médecine familiale à offrir une prise en charge sept jours sur sept de même qu'en soirée. La présidente de l'Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec (OIIQ), Gyslaine Desrosiers, croit qu'il faut une meilleure prise en charge dans le milieu, notamment pour les gens souffrant de maladies chroniques. Elle estime aussi que des infirmières spécialisées en première ligne dans les urgences et centres de soins de longue durée (CHSLD) pourraient contribuer à diminuer l'attente.

«Des infirmières praticiennes dans les urgences permettraient une prise en charge des urgences mineures. Elles pourraient demander une radiographie et prescrire des antibiotiques en CHSLD quand une personne souffre d'une pneumonie. Le Collège des médecins est ouvert à l'idée, mais, à ce jour, on a refusé cette implantation.»

On tourne en rond

Vice-président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) et lui-même médecin de famille, le Dr Marc-André Asselin croit pour sa part que c'est l'organisation qui est déficiente. «Il n'y a rien de reluisant à l'heure actuelle, on dirait qu'on tourne en rond. Dans notre dernière entente, il y a des clauses pour prendre en charge la clientèle orpheline. Mais ça ne réglera pas tout. La solution passe aussi par des lits supplémentaires en soins de longue durée.»

Lise Denis, présidente de l'Association québécoise des établissements de santé et de services sociaux, affirme quant à elle que la légère amélioration est encourageante. «Il y a une augmentation du nombre de patients, a-t-elle dit. Au-delà de l'argent dans le maintien à domicile ou les places en hébergement, il faut une meilleure organisation. Il faut aussi se pencher sur la demande grandissante en santé mentale.»