Si le taux de suicide des filles âgées de 10 à 19 ans a légèrement augmenté au Canada au cours des dernières décennies, il a chuté chez les garçons du même âge, selon une nouvelle étude.

Le rapport de recherche publié lundi dans les pages du journal de l'Association médicale canadienne indique également que la suffocation - y compris la pendaison - est la méthode la plus couramment utilisée par les jeunes.

Des chercheurs de l'Agence de la santé publique du Canada ont étudié des données sur la mortalité pour la période 1980-2008, et ont déterminé que le taux global de suicide chez les jeunes Canadiens a glissé, en moyenne, d'un point de pourcentage par année.

Toutefois, ce taux a progressé légèrement pour les filles pendant cette période, les morts par pendaison et autres méthodes de suffocation augmentant en moyenne de 8 pour cent par année. Le recours aux armes à feu et au poison a nettement reculé parmi les adolescentes.

Les taux de suicide chez les filles âgées de 10 à 14 ans est passé de 0,6 par 100 000 en 1980 à 0,9 par 100 000 personnes en 2008. Pour les adolescentes âgées de 15 à 19 ans, ce taux a presque doublé, passant de 3,7 à 6,2 suicides par 100 000 individus lors de la même période.

En 2008, l'année pour laquelle les statistiques les plus récentes sont disponibles, 233 Canadiens âgés de 10 à 19 ans, 156 hommes et 77 femmes, se sont suicidés.

La hausse des suicides par suffocation chez les jeunes est possiblement attribuable à des accidents survenus lors d'épisodes du «jeu d'étranglement» («choking game»), qui ont ensuite été considérés comme des suicides. Ce jeu implique diverses méthodes privant le cerveau d'oxygène pour produire une sensation d'euphorie. Les chercheurs disent toutefois être incapables de se prononcer sur le sujet, mais admettent qu'il est impossible d'écarter l'impact d'Internet et des médias sociaux sur la vie des jeunes Canadiens.

Ils rappellent que si l'accès à Internet permet de consulter des sites faisant la promotion du suicide, paradoxalement, le Web et les médias sociaux peuvent aussi aider à combattre le phénomène.

«Le terme »cybersuicide« a évolué pour décrire les nombreux sites Internet, salles de clavardage et blogues faisant la promotion du suicide et des idées suicidaires. De tels sites sont bien entendu troublants : malgré tout, paradoxalement, Internet et les médias sociaux ont également le potentiel de prévenir le suicide», a déclaré la Dre Skinner, une épidémiologiste de l'Agence de la santé publique du Canada.

Du côté des autochtones, le taux de suicide des jeunes est de trois à cinq fois plus élevé que chez les non-autochtones, et le fait de se pencher sur les disparités régionales pourrait permettre de régler le problème chez ce groupe de Canadiens, estime pour sa part le Dr Laurence Kirmayer, un psychiatre de l'Université McGill.