Après des progrès constants depuis 2008, les temps d'attente pour les interventions chirurgicales prioritaires stagnent au Canada. Bien qu'il fasse bonne figure comparativement aux autres provinces canadiennes, le Québec a enregistré des délais d'attente plus longs en 2011 qu'au cours des trois années précédentes pour les interventions à la hanche et au genou, révèle une étude de l'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS) rendue publique jeudi.

Derrière ces chiffres se cache en vérité une amélioration, puisque le nombre d'interventions a augmenté de façon importante à la grandeur du pays, a expliqué en entrevue Jeremy Veillard, vice-président, recherche et analyse de l'ICIC. Environ 400 000 opérations à la hanche, au genou, au coeur et pour les cataractes ont été réalisées en 2010-2011 comparativement à 357 000 en 2004-2005, soit un bond de 30% en sept ans, a-t-il fait valoir.

À l'échelle du Canada, 8 patients canadiens sur 10 ont subi des interventions à la hanche, au genou ou pour la cataracte dans des délais jugés cliniquement raisonnables en 2011, soit le même nombre qu'en 2010. Le Québec a obtenu des résultats légèrement au-dessus de la moyenne canadienne, tandis que l'Ontario est champion dans toutes les catégories.

«L'an dernier, les nouvelles étaient plutôt encourageantes parce que, pour la première fois, on pouvait constater que 8 personnes sur 10 avaient accès à ces chirurgies dans une durée de temps qui était en accord avec les objectifs fixés, a affirmé M. Veillard.

«Ce que l'on voit en 2011, c'est que, dans la majorité des provinces, c'est demeuré stable. Mais puisque les volumes de chirurgies augmentent et que les durées d'attente ne suivent pas proportionnellement, ça veut donc dire que le système, a priori, est plus efficace.»

Recul pour la hanche et le genou

En 2011, le Québec a enregistré des délais d'attente plus longs pour les opérations de la hanche et du genou qu'en 2010, 2009 et 2008. Le bilan s'est toutefois amélioré pour les interventions de la cataracte.

Le pourcentage des arthroplasties de la hanche réalisées dans le délai jugé médicalement acceptable (182 jours) a chuté de 90% en 2008 à 88% en 2010, puis à 82% l'an dernier. Davantage d'interventions ont toutefois été réalisées, selon les chiffres de l'ICIS, qui scrute les données de toutes les provinces sur une période de six mois, du 1er avril au 30 septembre. Durant cette période, en 2011, 2408 interventions à la hanche ont été réalisées comparativement à 1989 l'année précédente.

Le portrait est le même pour ce qui est du respect du délai d'attente fixé pour l'arthroplastie du genou (182 jours), qui a baissé de 83% en 2010 à 78% en 2011. Le nombre des interventions est passé de 3518 pour les six mois comptabilisés en 2010 à 3792 pour les mêmes six mois en 2011.

L'opération de la cataracte, qui enregistre un volume beaucoup plus élevé par année, est passée d'environ 38 700 (entre avril et septembre 2010) à plus de 41 000 (entre avril et septembre 2011). Le pourcentage de personnes qui y ont eu accès a augmenté de 1% en 2011, soit de 87% à 88%. En 2008, le pourcentage était de 82% pour 33 000 interventions.

Autre fait encourageant, 99% des radiothérapies ont été effectuées dans le délai de référence de 28 jours.

L'augmentation du nombre d'interventions s'explique par le vieillissement de la population et par le fait que les opérations sont pratiquées dans des populations de plus en plus jeunes, souligne M. Veillard. «Les taux d'obésité sont aussi en croissance, ce qui a un impact sur les chirurgies de la hanche et du genou. Il existe de meilleurs matériaux pour la chirurgie du genou et il y a eu des progrès technologiques qui permettent la réalisation de beaucoup plus d'opérations de la cataracte par un même médecin. Par ailleurs, bon nombre de mesures incitatives financières ont été mises en place depuis 2004 pour augmenter les volumes d'opérations.»

L'ICIS est un organisme autonome financé par le gouvernement fédéral et les provinces et territoires. Depuis 2004, les provinces lui fournissent des chiffres sur les interventions chirurgicales non urgentes, mais jugées prioritaires: hanche, genou, cataracte, pontages coronariens et réparation de fracture de hanche. Les données québécoises pour ces deux dernières interventions ne sont pas comparables à celles du reste du Canada puisque notre méthodologie de calcul diffère. Le gouvernement du Québec rapporte toutefois que 86% des patients ont subi un pontage coronarien (avec ou sans valves) selon le niveau de priorité.

Une carte interactive des temps d'attente peut être consultée au https://tempsdattente.icis.ca.