La saison de la grippe dans l'hémisphère Nord a été relativement calme à plusieurs endroits cette année, dont au Canada, aux États-Unis et dans la majeure partie de l'Europe, ce qui intrigue les experts.

Alors que la période de la pointe d'infections grippales tire à sa fin, certains se demandent pourquoi la maladie a été si peu virulente cette année.

Il s'agit d'une question intéressante, mais afin d'obtenir une réponse précise, il faudra peut-être attendre quelques décennies, le temps que les scientifiques saisissent mieux le mode de fonctionnement du virus hautement imprévisible.

Au dire du Dr Anthony Mounts, spécialiste de la grippe à l'Organisation mondiale de la santé, à Genève, le virus de la maladie recèle encore de nombreux secrets, y compris celui qui explique le taux de virulence, qui varie selon les années.

Les experts indiquent qu'il n'y a sans doute pas une seule réponse pour expliquer la faible virulence du virus cette année, mais que l'argument de la température n'est probablement pas valable. Celle-ci perd d'ailleurs en crédibilité lorsque l'on observe les importants écarts de températures. Certaines régions d'Europe ont connu un hiver très rude, mais la grippe ne s'y est pas manifestée en force, précise le docteur Mounts.

Le Dr Lone Simonsen, un épidémiologiste de la George Washington University, dans la capitale américaine, a récemment publié un article scientifique sur la difficile quatrième vague d'activité du virus H1N1 survenue cet hiver au Mexique, une éclosion causée par le virus qui avait déclenché une pandémie en 2009.

L'accroissement des vaccinations contre la grippe ne serait pas non plus une bonne explication de la faible activité du virus. Tout d'abord, les taux de vaccination au Canada et aux États-Unis - deux des pays utilisant le plus de doses du vaccin - ne sont pas si élevés. Vacciner entre 35 et 40 pour cent d'une population n'est pas suffisant pour réduire l'impact de la grippe, soulignent les experts.

Il y a toutefois un facteur qui serait considéré comme pouvant fournir une explication partielle de l'état du virus de la grippe, indique-t-on: les virus en circulation sur la planète sont présents depuis un certain temps, comme le prouve le fait que les vaccins antigrippaux n'ont pas été modifiés depuis quelques années.

Si la souche H3N2 du virus a suffisamment muté pour que l'on produise une nouvelle version du vaccin, la souche du H1N1 n'a pas changé depuis la pandémie de 2009, et la souche utilisée dans le vaccin est demeurée la même.

Puisque les virus circulent depuis longtemps, plusieurs personnes en posséderont les anticorps, que ce soit pour avoir été infectées ou après avoir reçu le vaccin.

En lien avec cette idée, la docteure Danuta Skowronski, une experte de la grippe au Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique, à Vancouver, mentionne que les scientifiques s'intéressent de plus en plus à une hypothèse voulant que le fait d'être infecté par un type de grippe puisse donner une immunité temporaire contre d'autres souches du virus.

Une autre hypothèse veut que la grippe n'ait pas encore démontré sa pleine virulence cette année. Les scientifiques ne veulent toutefois pas se prononcer sur la possibilité que la prochaine saison grippale soit plus virulente ou encore moins importante que cette année.