Déjà frappée par un ralentissement de production qui a engendré une pénurie nationale de médicaments injectables, l'usine Sandoz de Boucherville a annoncé hier qu'elle suspendait toute fabrication pour une période indéterminée afin de procéder au nettoyage de ses installations, qui ont été la proie des flammes dimanche. Cette pénurie commence à avoir des impacts sur les traitements; ainsi, les hôpitaux de Hull et de Gatineau ont décidé d'annuler toutes leurs interventions non urgentes jusqu'à demain.

«L'usine n'est pas fermée, même si la production a été temporairement suspendue jusqu'à ce que les activités de nettoyage soient terminées. Notre objectif est de reprendre la production dès que possible», s'est limitée à indiquer Sandoz dans un courriel qu'elle a fait parvenir à La Presse.

Sandoz Canada est le principal fournisseur de plusieurs médicaments injectables dans les hôpitaux québécois. Ces produits sont essentiels pour les soins critiques et intensifs, ainsi qu'en chirurgie.

Le 16 février dernier, la société pharmaceutique a annoncé qu'elle apporterait des correctifs à son usine de Boucherville, à la suite d'un avertissement lancé par la Food and Drug Administration (FDA) américaine, qui avait relevé des «violations importantes» dans ses normes de production.

L'usine de Boucherville produit environ 235 médicaments. Afin de limiter les impacts sur le système de santé, Sandoz a annoncé qu'elle se consacrerait entièrement à l'approvisionnement de médicaments injectables essentiels. À l'heure actuelle, certains produits sont tout de même en rupture de stock. D'autres sont produits à 50%, 75% ou 100% de la cadence antérieure.

Dimanche midi, un incendie s'est déclaré dans le toit d'une portion de l'usine de Boucherville. La cause du brasier est toujours inconnue.

Hier, Sandoz a annoncé que toute la production était suspendue, même si les employés ont pu retourner au travail.

Depuis deux semaines, la pénurie donne de véritables maux de tête aux pharmaciens hospitaliers, qui gèrent des stocks considérablement moins élevés qu'à l'habitude. Cette pénurie risque maintenant de s'aggraver. Malgré nos questions répétées, Sandoz n'a pas été en mesure d'indiquer la durée du travail de nettoyage ni de décrire l'ampleur des dégâts.

Opérations reportées

Incapables d'obtenir un portrait clair de son approvisionnement en médicaments injectables au cours des prochains jours, les centres hospitaliers de Hull et de Gatineau ont pris la décision de reporter toutes les opérations hier, aujourd'hui et demain. Hier, 30 interventions ont été annulées. Ce nombre devrait grimper à 70 d'ici demain. Sur les 12 salles d'opération des deux établissements, seulement trois seront fonctionnelles. «C'est inhabituel, ce sont des mesures d'exception», a expliqué le président-directeur général de l'agence de la santé et des services sociaux de l'Outaouais, le Dr Guy Morissette, qui qualifie cette décision de «responsable».

L'attachée de presse du ministre de la Santé Yves Bolduc, Natasha Boudreau, a indiqué hier qu'il s'agissait, pour l'instant, de la seule région où il y a eu des annulations. Elle a affirmé que le Ministère était «à pied d'oeuvre» pour assurer un suivi «rigoureux» et «régulier» de la situation.

Au CHUM et à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, on a donné aux unités de soins la consigne de favoriser l'ordonnance de comprimés oraux pour les cas qui le permettent.

La situation a aussi entraîné des pénuries chez d'autres fournisseurs, et certains produits de remplacement sont déjà en rupture de stock.