Même s'ils causent des cancers de la peau, les salons de bronzage sont fréquentés par plus d'un Québécois sur dix. Il faudrait donc les règlementer et les interdire carrément aux mineurs, ont recommandé en commission parlementaire la Société canadienne du cancer (SCC), l'Institut national de santé publique (INSP) et l'Association des dermatologues du Québec (ADQ).

Les mineurs sont la clientèle la plus à risque, soutiennent-ils. D'abord, parce que leur peau est plus vulnérable. Et ensuite, parce qu'ils les fréquentent davantage. Trois utilisateurs sur quatre sont des femmes de 15 à 29 ans, rappelle la SCC. Parmi les filles de 14 ans, 7% vont au salon de bronzage. À 17 ans, cette proportion grimpe à 35% (source : sondage Léger Marketing réalisé en 2010). C'est une habitude qui se prend jeune et qui empire, un peu comme la cigarette, résume son analyse Mélanie Champagne.

Les salons de bronzage sont de cinq à 15 fois plus nocifs que le soleil de midi. Et leur lien causal avec ces cancers a été prouvé, rappelle-t-elle, en citant une étude de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Certains cas de patients le confirment. Les dermatologues disent traiter parfois des patientes qui développent un mélanome sur les seins, même si elles n'ont jamais fait de monokini.

Les cancers de la peau ont doublé depuis 15 ans. Et si rien n'est fait, ils continueront d'augmenter, ajoute-t-elle. Le cancer de la peau est d'ailleurs le seul cancer en croissance chez les jeunes. Tout cela a un coût. Le traitement des cancers de la peau a coûté 92,4 millions $ aux Québécois en 2004. Si la tendance se maintient, la facture pourrait s'élever à 160 millions $ d'ici 2031, prévoit la SCC.

Le culte de l'orange

Malgré ces dangers, il existe un «culte du salon de bronzage », croit le Dr Joël Claveau, analyste de l'Association des dermatologues du Québec (ADQ). Et ce culte ne se limiterait pas aux clones de Jersey Shore ou autres téléréalités qui servent de vitrines aux muscles et autres protubérances orange. « Ça ne se limite pas à une mode, on voit des gens de tous les styles qui les utilisent », juge Mme Champagne.

La France, la Belgique et l'Écosse interdisent entre autres déjà les salons aux mineurs. Contrairement à la SCC et l'INSP, les dermatologues aimeraient que Québec aille encore plus loin et les interdise à tous. C'est déjà le cas en Australie. « Il n'y a pas d'avantages au bronzage artificiel », insiste la Dr Chantal Bolduc, présidente l'ADQ. « On a fait ce qu'on pouvait faire avec la prévention. (...) Il faut frapper plus fort », ajoute-t-elle. Les médecins dénoncent les « publicités mensongères » de certains salons, qui nient les risques et prétendent même améliorer la santé.

Les trois groupes recommandent d'interdire la publicité auprès des mineurs et les messages trompeurs. Ils veulent aussi créer un registre obligatoire des salons. Aucun recensement exhaustif n'existe. On estime leur nombre à environ 100.

Enfin, la SCC voudrait imposer une taxe de 10% aux salons, un pas que ne franchit pas l'INSP.  

Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, s'est déjà dit « ouvert » à ces demandes. Il attend de prendre connaissance du rapport de la commission parlementaire avant de se prononcer.