Après d'innombrables retards, un rapport dévastateur du vérificateur général du Québec en 2010 et des révisions de coûts constamment à la hausse, le Dossier santé du Québec (DSQ) sera finalement déployé dans la région de Montréal au cours des prochains mois. Et cette fois, le projet de relier les pharmacies, les laboratoires et les services de radiologie est tellement concret qu'une lettre de consentement est sur le point d'être envoyée à 1,9 million de résidants de l'île de Montréal, avec en priorité ceux du centre-ville.

Fraîchement revenu d'un voyage en Inde, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, en a fait l'annonce hier après-midi, en compagnie de David Levine, président-directeur général de l'agence de santé et des services sociaux de Montréal. La métropole est la quatrième région visée par ce vaste projet d'informatisation du réseau de la santé, après la Capitale-Nationale, l'Estrie et Lanaudière.

Au total, le projet de déploiement du DSQ est évalué à 500 millions de dollars et doit se concrétiser d'ici à la fin de 2015. La phase annoncée hier coûtera à elle seule 10 millions pour Montréal et 50 millions pour toute la province. Une partie du financement provient du gouvernement, l'autre de l'agence, et une autre part doit provenir du gouvernement fédéral.

Éviter les erreurs

Le ministre Bolduc a expliqué qu'à partir du 30 mars prochain, un dossier informatique sera constitué pour toutes les personnes inscrites au régime d'assurance maladie du Québec dont la résidence principale est à Montréal, à moins d'un refus. Le système d'exploitation utilisé est Oasis. «Il permettra au personnel de la santé d'offrir de meilleurs soins, a-t-il assuré. Il y aura aussi moins de dédoublements dans les prescriptions ou les analyses en laboratoire.» Ainsi, les médecins pourront rédiger des ordonnances électroniques qui pourront, avec le consentement des patients, être récupérées par les pharmaciens.

M. Levine a pour sa part admis qu'il s'agit d'un dossier «complexe à mettre en place, compliqué, mais essentiel». «L'informatisation va permettre d'éviter des erreurs médicales», a-t-il insisté. La tâche est effectivement colossale pour Montréal, puisqu'il est question de relier 428 pharmacies, 325 cliniques (groupe de médecine de famille et réseau), sans oublier les 43 établissements de santé de Montréal (hôpitaux, CHSLD, centres de réadaptation, etc.).

À terme, le gouvernement estime que cette nouvelle phase fera doubler le nombre de dossiers électroniques constitués à ce jour, en portant leur nombre à plus de 3,4 millions à la grandeur du Québec.

Quant aux patients, ils pourront consulter eux aussi leur dossier médical par l'entremise d'un établissement de santé, assure le gouvernement. Les gens qui décideront de revenir sur leur décision et de ne pas avoir un dossier informatisé pourront aussi s'en prévaloir en remplissant un formulaire à https://refus.dossierdesante.gouv.qc.ca.