Le gynéco-oncologue Dr Kenneth L. Chan a coupé court aux audiences du comité de discipline du Collège des médecins du Québec, ce matin, en plaidant coupable aux cinq chefs de plainte qui pèsent contre lui pour la mort de Soki Ndulani Syayighosola, 27 ans, morte d'une fausse couche à l'âge de 27 ans. En conséquence, les avocats des deux parties se sont entendus pour demander une radiation temporaire de deux mois.

Présent en compagnie de l'un de ses six enfants lors de l'audience qui au départ devait s'échelonner sur cinq jours, le mari de la dame décédée, Talent Bin Hangi, a étouffé des sanglots quand le syndic a demandé une radiation temporaire de deux mois. Le conseil de discipline a pris la cause en délibéré, et devrait rendre sa décision au cours des prochaines semaines.

Pour étayer la demande, les deux parties ont repassé à travers les évènements tragiques du 27 et 28 septembre 2008, et ont expliqué la teneur des chefs d'accusations. Le Dr Chan «n'a pas pris tous les moyens pour élaborer un diagnostic avec la plus grande attention», a d'abord expliqué Me JoAnn Zaor, du syndic. Essentiellement, la plainte lui reproche de ne pas s'être présenté au chevet de la femme même si deux séries de tests confirmaient un taux d'hémoglobine anormalement bas. «Il était de garde à la maison», a précisé Me Marc Dufour, le représentant du Dr Chan.

Me Dufour a aussi précisé qu'en plus d'admettre sa faute, le Dr Chan a «exprimé ses sincères regrets.» Sans vouloir excuser son client, a-t-il précisé, il faut «éviter par une sanction trop sévère qui deviendrait punitive de répondre aux impératifs du droit civil.»

En septembre dernier, le mari a déposé une poursuite au civil de 1,5 million de dollars contre le Dr Chan et deux autres médecins de l'hôpital Santa Cabrini, où sa femme est morte au bout de son sang. Il reproche à ces deux médecins de ne pas s'être tournés vers un autre spécialiste devant le «désengagement» du Dr Chan et à défaut, de ne pas avoir demandé un transfert de la patiente dans un autre hôpital.

Au-delà de la radiation, Dr Chan pourra reprendre sa pratique sans surveillance particulière. On explique qu'il s'agit là de sa première faute, qu'il n'y a jamais eu de sanction dans le passé, et que son parcours médical était exemplaire jusqu'aux évènements causant la mort de Soki, originaire du Congo, qui avait immigré il y a quelques années avec son mari, un militant des droits de l'homme.