À 40 ans passés, et au lendemain d'une accumulation de bouleversements pas toujours heureux, notre volontaire la plus «abîmée» par le stress affiche pourtant le même indice de déséquilibre physiologique que la moyenne des jeunes de 20 ans. Un niveau que l'entreprise américaine Allostatix qualifie de «début d'usure».

Que la plupart des jeunes adultes en soient déjà rendus là est bien la preuve que les stresseurs sont aujourd'hui omniprésents et accablants, et surtout, qu'on sait mal y faire face, estime la porte-parole de l'entreprise, Melinda Miller.

Règle générale, le stress mal géré s'accumule toute la durée de notre vie, un peu comme le sédiment au fond d'une rivière, et ses dégâts croissent donc avec l'âge, dit-elle. «Mais ce n'est pas une fatalité, puisqu'on peut l'évacuer au fur et à mesure. Il nous arrive de voir des quinquagénaires à peine atteints.»

Plus jeune, plus sportive et plus mince, une autre de nos volontaires a ainsi obtenu une note enviable, associée à une «bonne trajectoire de santé» (soit 24 sur 200, contre 53 sur 200 pour sa collègue, comme le montre notre tableau). Ayant une vie très stable et travaillant 28 heures/semaine, elle a déclaré d'emblée vivre peu de stress.

Pour déterminer la note de nos deux volontaires une d'elles a aussi subi le test de cheveux alors que l'autre est notre cinquième participante , Allostatix a simplement étudié leurs bilans sanguins. Car lorsque l'exposition au stress finit par dépasser nos capacités d'adaptation, notre production de cortisol se détraque. Cela entraîne par ricochet d'autres dérèglements physiologiques, qui se manifestent dans le sang, avant même qu'on parle de résultats officiellement anormaux.

Puisque, les médecins québécois ne s'intéressent guère à cette mesure (contrairement aux chercheurs), nos deux volontaires se sont rendues dans un laboratoire du Vermont pour faire mesurer leurs taux:

1. de sucre, de gras et d'acides aminés dans le sang (glucose, hémoglobine glycosylée, triglycérides, bon et mauvais cholestérol, homostéine), qui sont liés au système cardiovasculaire.

2. de créatine et de DFG (débit de filtration glomérulaire), liés au fonctionnement des reins.

3. d'inflammation, en mesurant les taux d'albumine (lié au fonctionnement du foie), de protéine C-réactive, d'interleukine-6 et de fibrinogène (lié à la coagulation).

4. de DHEAS (ou déhydroépiandrostérone ou prastérone), une hormone stéroïdienne synthétisée par les glandes surrénales, qui est liée au vieillissement et fait contrepoids au cortisol.

Allostatix a aussi tenu compte de leur tension artérielle, de leur capacité pulmonaire et de leur ratio taille/hanche, car l'obésité abdominale est particulièrement nocive et très favorisée par le stress.