À première vue, le chantier du CHUM n'est pas avancé. Mais la construction des fondations sur cinq paliers, où se situera le stationnement souterrain, va bon train. Au moment du passage de La Presse, la semaine dernière, on terminait la construction d'une paroi tout autour du futur CHUM. La rue De La Gauchetière ressemble à un long cratère: on a dû aménager un passage temporaire pour les ambulances.

«Les fondations sont toujours ce qui est le plus ardu à construire, précise le directeur associé à la construction du CHUM, Jacques Morency. L'inconnu, c'est ce qu'on ne voit pas, donc le sol. Les travaux d'excavation vont s'échelonner sur les 12 prochains mois. Mais une fois que ça sort de terre, ça va vite.»

«Aller vite»: c'est l'un des principaux défis pour l'équipe de construction du CHUM. L'information n'a pas été confirmée par la direction, mais il est question d'une pénalité de plus d'un demi-million pour chaque jour de retard. «C'est clair qu'on a toujours l'échéancier de construction en tête, admet Marc Verreault, directeur de projet, du consortium Pomerleau-Verreault S.E.N.C. Il y a beaucoup d'intervenants dans la construction: la Ville de Montréal, la Société de transport de Montréal (STM) et le ministère des Transports. Ça complique souvent les choses. C'est tout un défi.»

Mais Michel Leblanc, grand manitou de la construction du CHUM, n'en démord pas. «La date d'échéance pour le Centre de recherche, c'est septembre 2013, dit-il avec tact. Le CHUM, c'est avril 2016. Et je peux vous assurer qu'on va y arriver.»

Michel Leblanc porte veston et cravate. Même avec son casque de construction, il y a quelque chose de solennel dans sa démarche. Il a travaillé comme un forcené et rêvé durant cinq ans au jour où le grand hôpital sortirait enfin de terre, dit-il. Et ce jour est arrivé au printemps dernier, lorsqu'on a commencé les travaux au Centre de recherche.

«On s'est fait taper dessus durant cinq ans, lance-t-il. On travaillait sept jours sur sept, du matin au soir. Il fallait faire abstraction des critiques et continuer notre travail.»

Défi logistique

Les pneus d'une bétonnière passent à l'arrosage avant de quitter le chantier. C'est la loi. Jacques Morency explique que les règles de construction sont nombreuses. Un défi logistique de taille. «Il faut limiter le bruit, les vibrations, la poussière, dit-il. Nous construisons à quelques mètres de l'hôpital Saint-Luc. Il y a des patients à l'intérieur. Il faut remédier au moindre problème, quitte à réaliser certains travaux durant la nuit.»

Nous voici au Centre de recherche. On se retrouve devant une énorme chambre forte qui accueillera le cyclotron du CHUM. Elle est entourée d'une imposante armature de béton d'une épaisseur de plusieurs mètres. La porte de métal fait elle aussi plusieurs mètres d'épaisseur afin d'éviter des fuites de radioactivité.

On remonte l'escalier pour accéder aux étages. Le Centre de recherche en compte maintenant 7, mais à terme, il y en aura 14. Il y a du béton partout. Au total, on parle de 36 000 mètres cubes de béton à couler. Comme il n'y a pas encore de murs, le Centre de recherche offre une vue saisissante sur les gratte-ciel de Montréal. Le futur hôpital du CHUM, juste en face, sera encore plus imposant avec ses 19 étages.

Comme l'a déjà dit l'ancien ministre Philippe Couillard, «le CHUM, c'est la Baie-James qui débarque à Montréal».

* * *

LES CHIFFRES DU CHUM

Ouverture prévue: 2016

Nombre de chambres: 772 (toutes individuelles)