Un hôpital de Montréal tente depuis un an d'éliminer une inquiétante bactérie résistant fortement aux médicaments.

L'apparition de cette bactérie à l'Hôpital général juif de Montréal est la première du genre au Canada. La situation est préoccupante parce que la bactérie en question se transmet facilement et parvient à rendre résistantes d'autres bactéries.

Un rapport sur le problème a été présenté à Chicago, dimanche, dans le cadre de l'Interscience Conference on Antimicrobial Agents and Chemotherapy, une importante conférence annuelle sur les maladies infectieuses.

Le docteur Mark Miller, responsable du contrôle des infections à l'Hôpital général juif, a indiqué que l'établissement était parvenu à contrôler la situation, mais que quelques patients encore aux prises avec la bactérie obtenaient des soins.

L'apparition de la bactérie a été causée par la Klebsiella pneumoniae, qui se trouve normalement dans les intestins des êtres humains. Chez les gens en santé, cette bactérie peut vivre dans les intestins sans causer de maladie. Dans les hôpitaux, cependant, elle peut provoquer toute une gamme d'infections, incluant la pneumonie, des infections du sang et urinaires.

La Klebsiella pneumoniae est habituellement traitée au moyen d'antibiotiques appelés carbapénèmes. Mais depuis environ une dizaine d'années, une souche de la bactérie résistant à cette classe de médicaments s'est développée. Pour compliquer les choses, l'élément génétique qui donne à la bactérie sa résistance a la capacité de se transférer dans d'autres bactéries, les rendant à leur tour résistantes aux carbapénèmes.

Le Dr Miller a affirmé que la souche de la bactérie apparue à l'Hôpital général juif ne pouvait être traitée qu'avec deux antibiotiques - un médicament existant depuis un bon moment comptant de sérieux effets secondaires et un plus récent. Le médecin et d'autres craignent le jour où la bactérie ne réagira à aucun médicament.

C'est déjà arrivé. En fait, l'Hôpital d'Ottawa a eu trois cas de Klebsiella pneumoniae ayant causé une pneumonie, en 2008. Dans l'un d'eux, les antibiotiques se sont révélés inefficaces.

Le microbiologiste Marc Desjardins a indiqué que l'Hôpital d'Ottawa avait eu de la chance -les trois cas n'ont provoqué aucune épidémie. Mais il a été difficile de traiter les patients, et dans l'un des trois cas, cela a même été inutile.

«La bactérie résistait à tout. Il n'y avait absolument aucun antibiotique que l'on pouvait donner à cette patiente», a affirmé M. Desjardins.

La femme, qui était aux prises avec d'autres sérieux problèmes de santé, a fini par succomber.

À l'Hôpital général juif, le premier cas a été constaté au mois d'août de l'an dernier. Depuis, 27 autres ont suivi. Certains patients sont morts, mais le Dr Miller, qui a refusé de préciser le nombre exact des victimes, a affirmé qu'il restait à déterminer si la bactérie avait causé ces décès ou seulement contribué à ceux-ci.