Le président de l'Association des jeunes médecins du Québec (AJMQ), le Dr François-Pierre Gladu, accuse Québec d'avoir «manqué de courage» dans l'entente qu'il a signée avec les médecins omnipraticiens. Alors que Québec estime qu'il manque 1175 médecins de famille dans la province, le Dr Gladu affirme que l'entente ne permettra aucunement de pallier cette pénurie.

Mardi, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) a annoncé que ses membres avaient accepté à 77% la dernière proposition de Québec. L'entente prévoit entre autres une hausse des tarifs de 6% en cinq ans et 210 millions en diverses primes, notamment pour inciter les médecins de famille à prendre en charge plus de patients.

Selon le Dr Gladu, cette entente ne permettra pas «de corriger le déséquilibre qui s'est accru depuis 15 ans entre la première ligne et la deuxième ligne». L'écart de rémunération entre les médecins de famille et les médecins spécialistes passera de 100 000$ à 140 000$ au lieu de diminuer à 60 000$ comme prévu, dénonce le Dr Gladu.

Il émet aussi d'autres critiques contre l'entente, notamment sur le fait que la prise en charge de multiples problèmes de santé lors d'une même visite chez le médecin ne soit pas encouragée. Un médecin de famille reçoit la même somme pour une consultation que son patient ne souffre que d'un problème de santé ou de plusieurs. «Le fait que les omnipraticiens reçoivent le même montant pour soigner un patient qui a une otite que pour soigner quelqu'un qui a du diabète, une dépression et un problème cardiaque, ça encourage la médecine fast-food», croit le Dr Gladu.

Mais sa principale critique concerne l'écart majeur entre la rémunération des spécialistes et des omnipraticiens. La Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) a conclu une entente avec Québec en juin qui prévoit une augmentation de l'ensemble des tarifs de 6% d'ici à 2016-2017 et une enveloppe budgétaire de 251 millions pour la mise en place de «mesures ciblées visant l'accessibilité et l'amélioration des soins pour la population». Selon le Dr Gladu, cet écart de rémunération va «mettre en péril la viabilité du réseau public de santé», car les étudiants en médecine vont «continuer de bouder la médecine de famille».

«Seuls les médecins de famille permettent de faire réaliser des économies au système de santé. Le Conseil du Trésor a encore une fois été incapable de faire la différence entre un investissement et une dépense en santé», plaide le Dr Gladu.

Des éléments intéressants

Le président de la FMOQ, le Dr Louis Godin, reconnaît que l'écart de rémunération entre les médecins de famille et les spécialistes ne diminuera pas comme prévu. Mais selon lui, tout le reste de l'entente est intéressant. «Elle répond à la quasi-totalité de nos demandes, sauf à la question de l'écart de rémunération. Mais on ne pouvait contrôler ce que le gouvernement allait offrir aux spécialistes», a expliqué le Dr Godin. Ce dernier reconnaît que la question de l'écart salarial entre les spécialistes et les omnipraticiens est «très importante» à la FMOQ. «Oui, ça nous a déçus. On pensait que le gouvernement comprendrait et ferait des gestes significatifs. Mais non», a-t-il dit.

Au cabinet du ministre de la Santé, Yves Bolduc, on estime que l'entente est «bonne» et qu'elle comporte plusieurs mesures qui permettront d'atténuer la pénurie de médecins de famille.