S'il perdure plus de quelques semaines, le refus des médecins résidents de dispenser de l'enseignement risque de compromettre la qualité de la formation des futurs médecins.

À quelques semaines de la rentrée universitaire, l'inquiétude commence à se faire sentir dans les facultés de médecine, particulièrement chez les nouveaux étudiants qui entament leurs stages dans les hôpitaux et qui ne connaissent pas bien le milieu.

Il y a un peu plus d'un mois, pour protester contre la lenteur des négociations en vue du renouvellement de leur convention collective, les médecins résidents ont cessé toutes leurs activités d'enseignement. Depuis, ce sont les professeurs et médecins cliniciens qui ont pris le relais auprès des étudiants.

Mais la formule a ses limites. «Nous savons que sur une longue période, nous ne pourrons pas offrir tout ce que nous offrons en temps normal et ça portera préjudice [aux externes]», reconnaît le Dr Rénald Bergeron, président de la Conférence des doyens des facultés de médecine du Québec et doyen de la Faculté de médecine de l'Université Laval.

Étant donné la situation actuelle, les étudiants voient moins de patients, donc moins de cas cliniques, ce qui inquiète les doyens des facultés. Ils espèrent que le gouvernement et la Fédération des médecins résidents du Québec s'entendront rapidement. «Nous espérons que septembre soit libre de contraintes au niveau de l'enseignement», indique le Dr Bergeron.

Déjà, les moyens de pression des médecins résidents ont des répercussions importantes, note pour sa part le président de la Fédération médicale étudiante du Québec, Eric Peters.

«Les patrons [professeurs et médecins] n'ont pas le temps de nous offrir une quantité d'enseignement semblable à ce qui est fait par les médecins résidents», déplore M. Peters.

En temps normal, les médecins résidents sont les premières personnes vers qui se tournent les étudiants lorsqu'ils ont des interrogations. Ceux-ci accompagnent aussi leurs aînés dans leurs tournées de garde, assistent à des interventions et font des études de cas avec eux.

Désormais, les externes doivent s'adresser directement aux professeurs, souvent des médecins cliniciens, eux-mêmes débordés et moins disponibles. «Nous avons un enseignement de très haute qualité, mais nous n'en avons pas autant. C'est au niveau de la quantité qu'il y a un problème», souligne M. Peters.

Pas de rencontre prévue

Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, suit la situation, mais il n'est pas question d'intervenir pour le moment, indique son attachée de presse, Natacha Joncas-Boudreau.

«L'arrêt de l'enseignement est une situation que le ministre juge très préoccupante. [...] Étant donné que ce rôle d'enseignement est très important, nous voulons en arriver le plus rapidement possible à une entente qui satisferait les deux parties.»

Aucune rencontre n'est toutefois prévue prochainement, rétorque le président de la Fédération des médecins résidents du Québec (FMRQ), le Dr Charles Dussault. La Fédération considère que les négociations sont rompues et que la balle est dans le camp du gouvernement.

Les médecins résidents sont conscients que la qualité de la formation des étudiants risque d'être altérée par leurs moyens de pression, mais ils se disent prêts à tout pour faire reconnaître leur contribution à sa juste valeur.

«On n'hésitera pas une seconde à déclencher une grève générale. On ne semble pas du tout reconnaître le travail des médecins résidents», affirme le Dr Dussault. Une assemblée générale à laquelle tous les membres sont conviés est prévue le 26 août.