Les médecins canadiens ont encore du mal à traverser les frontières interprovinciales en dépit des efforts des gouvernements provinciaux pour favoriser la mobilité de la main-d'oeuvre.

En décembre 2008, les gouvernements provinciaux ont conclu un accord qui devait faciliter les choses pour les docteurs souhaitant transférer leur permis d'exercice d'une province à une autre.

Mais certains médecins affirment que les organisations responsables de l'approbation des permis ne respectent pas l'entente signée il y a plus de deux ans.

Selon le Dr Rubens Barbosa, un anesthésiste formé au Brésil qui travaille à Edmundston, au Nouveau-Brunswick, la raison est simple: cet accord a été conclu par des politiciens et non par des médecins.

La décision concernant qui aura ou n'aura pas de permis d'exercice revient aux ordres dirigés par les docteurs dans chaque province.

D'après le Dr Barbosa, qui a récemment vu sa demande de transfert pour l'Ontario rejetée, ces ordres sont peu disposés à accepter une loi proposée par des politiciens et qu'ils font tout en leur pouvoir pour éviter qu'elle soit effective.

Les gouvernements provinciaux espéraient que cette entente permettrait de combler les manques au sein de la main-d'oeuvre qualifiée.

Plusieurs provinces, dont l'Ontario, la Saskatchewan et le Manitoba, sont actuellement aux prises avec une pénurie de docteurs, ce qui fait que plusieurs de leurs résidants sont incapables de trouver un médecin de famille.

D'après un sondage mené en 2009 par le Collège des médecins de famille du Canada, quelque 4 millions de Canadiens, soit environ 4 pour cent de la population, n'ont pas de médecins de famille.

Kathryn Clarke, une porte-parole du Collège des médecins et des chirurgiens de l'Ontario, l'organisation qui a refusé la demande du Dr Barbosa, a assuré par courriel que son ordre respectait la loi sur la mobilité.

Mais la Fédération des ordres des médecins du Canada, qui représente tous les ordres à travers le pays, admet que les personnes qui essaient de transférer des permis d'exercice restrictifs sont encore confrontées à de nombreux obstacles.

Le problème, c'est que les conditions pour les détenteurs de permis d'exercice restrictifs varient d'une province à l'autre.

«Nous essayons actuellement de faciliter leur mobilité d'une juridiction à une autre en tenant compte du fait qu'ils n'ont pas un permis d'exercice régulier», a expliqué le Dr Yves Robert, président de la Fédération, avant d'ajouter qu'il s'attendait à ce qu'un nouvel accord établissant des normes communes pour les permis restrictifs soit conclu d'ici un an.

La majorité des médecins qui détiennent un permis d'exercice spécial ont été formés à l'étranger, a pour sa part indiqué le Dr William Lowe, un ancien président de la Fédération. Ils l'utilisent habituellement comme point de départ pour obtenir un permis régulier.

Les chiffres recueillis par les différents ordres de médecins du pays laissent entendre que l'Accord sur le commerce intérieur, qui a été amendé en avril 2009 pour y ajouter les nouvelles provisions sur la mobilité de la main-d'oeuvre, n'a pas permis d'augmenter le nombre de docteurs allant pratiquer dans d'autres provinces.

Le Collège des médecins et des chirurgiens de la Nouvelle-Écosse a accordé des permis à 250 demandeurs depuis avril 2009, dont six conformément aux provisions sur la mobilité.

Celui de l'Alberta a donné son aval à environ un millier de médecins en 2009 et 2010. Seulement cinq d'entre eux se réclamaient des provisions sur la mobilité.

Entre janvier 2010 et avril 2011, le Collège des médecins et des chirurgiens de l'Ontario a rejeté 26 demandes liées aux provisions sur la mobilité. La plupart d'entre elles provenaient de médecins détenant un permis restrictif.

Beaucoup d'ordres ne tiennent pas de chiffres sur le nombre de demandes émanant de médecins se prévalant des provisions sur la mobilité ayant été acceptés et rejetées.