Alors que, été après été, les urgences de la grande région de Montréal débordent, les deux dernières semaines ont été étonnamment calmes dans certains établissements. Habituellement submergées de patients, des urgences ont même des civières libres, ces temps-ci.

C'est le cas à l'hôpital de LaSalle, où seulement 12 des 15 civières étaient occupées, hier. À l'hôpital Saint-Luc, une civière était inoccupée, et aucun patient n'était aux urgences depuis plus de 48 heures. Aux urgences de l'hôpital Sainte-Justine, le taux d'occupation n'était que de 44%.

En Montérégie, le taux d'occupation en juillet est passé de 117% en 2009 à 100% cette année. Le nombre de séjours de plus de 48 heures aux urgences est passé de 14 à 6 pendant la même période. Selon le président de l'agence de la santé et des services sociaux de la Montérégie, Yvan Gendron, les hôpitaux «récoltent les fruits de leur travail»: «Nous avons amélioré nos façons de faire et accéléré nos processus pour diriger les gens plus vite vers les bonnes ressources.»

À Montréal, le taux d'occupation était de 109% hier, alors que la moyenne l'an dernier était de 118%.

«À première vue, il semble que l'épisode de chaleur accablante qui vient de se terminer n'a pas eu d'impact sur les urgences», a dit Geneviève Bettez, porte-parole de l'agence de la santé et des services sociaux de Montréal.

Intervention spéciale

Le Dr Bernard Mathieu, président de l'Association des médecins d'urgence du Québec (AMUQ) et urgentologue à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, reconnaît que «ça va beaucoup mieux depuis une semaine»: «La semaine dernière, le taux d'occupation est descendu en bas de 100% là où je travaille. C'est très rare, chez nous.»

Selon le Dr Mathieu, la principale raison de cette soudaine amélioration réside dans une intervention spéciale du ministre de la Santé, Yves Bolduc, faite il y a un peu plus de deux semaines. «Il a fait libérer des lits de soins aigus. À Maisonneuve-Rosemont, on avait 50 malades chroniques aux étages qui occupaient des lits, et on avait 65 patients aux urgences qui attendaient un de ces lits. Quand on a libéré les places, ça a beaucoup aidé.»

L'attachée de presse du ministre Bolduc, Marie-Ève Bédard, confirme qu'une réunion entre le ministère de la Santé, l'agence de la santé et des services sociaux de Montréal et l'hôpital Maisonneuve-Rosemont a eu lieu il y a quelques semaines. «On a pris des moyens et ça a donné des résultats. Pour les autres hôpitaux de Montréal qui vont bien, je pense qu'on est en train de récolter ce qui a été semé pendant les dernières années. Le ministre Bolduc fait travailler plusieurs intervenants de concert pour réduire l'attente aux urgences. On espère que ces bonnes performances vont se maintenir.»

Un été qui se passe bien

Le Dr Mathieu confirme que l'été est une période traditionnellement problématique dans les urgences, car des lits sont fermés et que plusieurs membres du personnel sont en congé. «J'espère que cette période moins achalandée va se poursuivre.»