Des chercheurs canadiens ont identifié ce qui semble être le premier cas acquis au pays de la superbactérie NDM1.

La superbactérie NDM1, ou New Delhi Métallo-1, produirait une enzyme qui modifie l'ADN de plusieurs types de bactéries, la rendant plus difficile à soigner. Elle serait endémique en Inde et au Pakistan et aurait commencé à toucher d'autres régions du globe.

Le patient, un homme âgé de 86 ans vivant en Ontario, aurait été hospitalisé, puis admis dans un centre de réadaptation après avoir été victime d'un accident vasculaire-cérébral en octobre dernier.

Cet homme n'a pas voyagé hors de la région du sud-ouest de l'Ontario depuis une décennie.

Aucun membre de sa famille immédiate, ni proche connaissance, n'était porteur de la superbactérie et personne parmi ces gens ne s'était rendu dans une région du monde où la NDM1 est plus répandue.

La docteure Susan Poutanen, une spécialiste des maladies infectieuses à l'hôpital Mount Sinai, à Toronto, a précisé que le patient n'avait pas transmis la bactérie à d'autres patients de l'hôpital ou du centre de réadaptation, et que la population générale n'avait pas à s'inquiéter.

«Nous ignorons de quelle façon l'homme a pu être touché par la bactérie, mais il semble qu'il l'aurait contractée dans le sud-ouest de l'Ontario», a expliqué la docteure Poutanen.

«Nous ne savons pas s'il a contracté la bactérie à Toronto ou à l'extérieur de la ville, dans un hôpital ou dans la communauté.»

La docteure Poutanen communiquera tout de même avec les hôpitaux et les laboratoires pour les avertir de considérer la présence de la NDM1 chez tous les patients, y compris ceux qui n'ont pas voyagé à l'extérieur du Canada.

Un porte-parole de Santé Canada a déclaré lundi que 28 cas reliés à la bactérie NDM1 avaient été rapportés à travers le pays. Tous les cas répertoriés d'infection à la bactérie NDM1 jusqu'à maintenant avaient tous été liés à des voyages en Inde ou au Pakistan.

Au moins deux de ces patients sont morts, mais leur décès n'est pas directement lié à la superbactérie. La NDM1 peut se retrouver dans les bactéries E. coli et Klebsiella, à l'origine d'infections urinaires et de pneumonies.

L'Ontarien affecté par la superbactérie ne présentait aucun symptôme d'infection. Pour que son organisme ne développe pas davantage de résistance aux médicaments, le seul antibiotique auquel la NDM1 est sensible n'a pas été utilisé pour son traitement.

La bactérie cause habituellement divers types de réactions, dont les infections urinaires. Le patient chez qui elle a été découverte n'est pas malade, bien qu'elle habite ses intestins. Les membres de sa famille sont testés régulièrement afin de les protéger de toute transmission potentielle.

«Le patient n'a pas transmis la bactérie à d'autres», a assuré la docteure Poutanen.

Le cas a été dévoilé lundi dans l'édition hebdomadaire du Journal de l'Association médicale canadienne.

Le dossier décrivait également le cas d'une femme de 71 ans qui chez qui un autre type de bactérie, elle aussi résistante à plusieurs antibiotiques, a été découverte en septembre lors d'une visite dans un hôpital de Toronto. La patiente s'était rendue en Inde un peu plus tôt pour subir une intervention médicale en lien avec la sclérose en plaques.

La docteure Poutanen a ajouté que bien qu'il n'existe pas actuellement de menace envers la population en général, les experts en maladies infectieuses désiraient garder une longueur d'avance sur la bactérie NDM1 pour s'assurer qu'elle se s'incruste pas ici comme elle l'a fait dans d'autres pays.

La docteure Poutanen a également expliqué que ses collègues et elle-même voudraient que les autorités sanitaires rapportent tous les cas de NDM1, afin que tout augmentation du nombre de cas puisse être détecté et que des mesures soient prises pour contenir l'infection.

Le tout, précise-t-elle, vise à éviter la répétition de scénarios lors desquels des maladies résistantes aux antibiotiques se répandent dans des hôpitaux et ne deviennent endémiques.