Certains adolescents ont beau prendre des médicaments sans retenue, les centres de désintoxication ne les accueillent pas très souvent. Il y a deux semaines, un garçon de 13 ans a été dirigé vers le centre Dollard-Cormier parce qu'il était accro au sirop à la codéine, auquel un ami l'avait initié. «Ça le calmait, comme le pot, mais les cas du genre sont rares», précise Nathalie Néron, responsable du programme jeunesse.

Au centre de réadaptation Domrémy, en Mauricie, le Dr Jean-Marc Pépin voit chaque année une dizaine de jeunes adultes accros aux médicaments. C'est peu compte tenu du fait qu'il traite plus de 200 toxicomanes par an. Ils sont toutefois assez nombreux pour qu'il leur trouve un point commun. «Ils tentent de s'automédicamenter parce qu'ils ont un réel problème de santé mentale», indique l'omnipraticien, qui enseigne au certificat en toxicomanie à l'Université de Sherbrooke.

Cas type à sa clinique: un jeune patient qui avale chaque jour six Ativan (un anxiolytique) pour surmonter une phobie sociale. «On voit de plus en plus de jeunes qui souffrent d'anxiété grave, précise le médecin. La consommation de marijuana ou de speed peut être en cause mais, à la base, il y a surtout davantage de familles monoparentales et de pertes affectives en bas âge. Ça laisse des traces.»

D'après la chercheuse Christine Thoër, «dans les forums, les jeunes démontrent une grande volonté de ne pas devenir dépendants et se mettent donc en garde contre certains médicaments».

«En entrevue, ils disent qu'ils en prennent juste pour réussir leurs études, puis pour affronter les pressions du premier emploi. Mais ils continueront sans doute, parce que la vie a toujours quelque chose de contraignant.»