Jusqu'à 15 000 décès pourraient être évités au Canada si les gens de 50 ans et plus avaient accès à un test de dépistage du cancer colorectal, selon les dernières statistiques sur le cancer compilées par la Société canadienne du cancer. Selon cette enquête conduite d'un bout à l'autre du pays, et dont les données ont été dévoilées mercredi, 22 000 nouveaux cas seront dépistés en 2011.

Même si l'incidence du cancer colorectal est en baisse depuis 20 ans, ce type de cancer se classe aujourd'hui au deuxième rang des cancers les plus meurtriers au pays. Cette année, près de 10 000 Canadiens en mourront, dont 2400 Québécois. La Société, qui a décidé d'en faire sa priorité cette année, prévient qu'il y aura une hausse du nombre de cas en raison de la croissance démographique, mais, surtout, du vieillissement de la population. En effet, observe-t-on à la Société, 88% des cancers touchent les gens âgés de 55 ans et plus.

En raison de ces nouvelles données plutôt sombres, la Société recommande aux Canadiens de 50 ans et plus de passer un test de dépistage tous les deux ans (recherche de sang occulte dans les selles ou test immunochimique fécal). À l'heure actuelle, selon les données de la Société, à peine une personne sur trois de ce groupe d'âge (32%) dit se soumettre à des tests de dépistage au pays. Le Québec est bon dernier, avec un taux de participation d'à peine 16%, donc moins de deux personnes du dix.

«On a décidé de prioriser le cancer colorectal parce qu'on se rend compte qu'il y a de plus en plus de programmes de dépistage dans les provinces, mais qu'il y a beaucoup de sensibilisation à faire. Tout d'abord auprès des patients pour qui le test de dépistage est souvent rebutant. Et aussi du côté des omnipraticiens, où il faut une participation active», explique le Dr Gilles Pineau, conseiller médical auprès de la Société canadienne du cancer, Division du Québec.

Au total, 81% des Canadiens connaissent l'existence de tests de dépistage et sont conscients des avantages du dépistage. Sauf que plus de la moitié, soit 60% de la population au pays, ne comprennent pas que le dépistage est une «habitude santé» à prendre, qu'ils aient des symptômes ou non, démontre aussi les statistiques de la Société.

Au Québec, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a annoncé l'hiver dernier la mise sur pied d'un programme de dépistage du cancer colorectal pour les gens âgés de 50 à 74 ans, un peu à l'image de celui pour le cancer. Pour le moment, le programme en est à la première phase, qui consiste grosso modo à garantir l'accès et la qualité des tests de dépistage. Quelque part en 2012, dit-on au ministère de la Santé, des gens ciblés dans six régions du Québec recevront une lettre les invitant à se soumettre à un test de dépistage. Depuis quelques années, les listes d'attente sont de plus en plus longues pour subir une coloscopie, ce qui complique la mise en place du programme.

«Le Québec est un peu en retard sur les autres provinces, notamment sur celles de l'ouest dans l'implantation, ajoute le Dr Pineau. Mais ce qu'on constate, c'est que partout au pays les programmes sont pas mal tous à leurs premiers balbutiements.»

L'enquête de la Société canadienne du cancer démontre enfin que toutes les 11 minutes, une personne apprend qu'elle a le cancer au Québec. Le cancer du poumon demeure le plus meurtrier, avec une personne atteinte sur trois qui en meurt après cinq ans. À l'autre bout du spectre, on enregistre un taux de survie de 96% après cinq ans pour le cancer de la prostate. Fait à noter, indique-t-on à la Société, 88% des cancers touchent les gens âgés de 55 ans et plus.