Même si les ficelles ne sont pas encore toutes attachées, le ministre Yves Bolduc a annoncé, mercredi matin, la mise sur pied d'un registre des erreurs et accidents dans les hôpitaux du Québec. Ce registre est attendu depuis huit ans par les victimes d'erreurs médicales, mais il faudra attendre encore près d'un an avant de le voir devenir réalité.

De passage à Montréal, le ministre de la Santé a lui-même admis que le registre a été «long à mettre en place». «Il faut changer la culture pour implanter un tel registre. Il faut une culture de déclaration dans les établissements. On n'avait pas de définition, a-t-il ajouté, il a donc fallu bâtir à partir de rien.»

Chute sur un plancher glissant, erreurs de médicament, de traitement, erreurs au dossier, ou manquement dans une procédure de soins; le gouvernement souhaite que le registre permette de trouver des solutions aux problèmes, et non pas de blâmer les professionnels de la santé. «Ça ne veut pas dire que les professionnels seront à l'abri s'il y a une erreur, mais il y a d'autres mécanismes déjà en place pour ça. Chaque établissement a un comité pour se pencher sur ce type d'erreurs», a précisé le ministre.

Actuellement, environ trois hôpitaux sur quatre au Québec transmettent des données au registre conformément à la loi. Au gouvernement, on souhaite que tous les hôpitaux soient en mesure de le faire d'ici l'automne prochain grâce à un système informatisé, et uniformisé. «Le format reste à définir», a concédé le ministre. Mais selon lui, les premières données pourront être dévoilées en décembre 2011. «Il y a des centaines de millions d'actes accomplis chaque année dans les hôpitaux. On sera à même de connaître les erreurs les plus criantes, des erreurs touchant souvent la prise de médicaments», dit le ministre.

Dans le milieu de la santé, les gestionnaires des établissements ne se sont pas bousculés aux portes pour réagir publiquement à l'annonce du ministre, mercredi. La présidente de l'Association québécoise des établissements de santé et des services sociaux (AQESSS), Lise Denis, jointe dans la région de Rouyn-Noranda, estime que le registre est une «excellente nouvelle».

«Le format reste à définir», a pour sa part concédé le ministre, interrogé après le point de presse. «On a un réseau décentralisé. On peut donc toujours trouver quelqu'un sur le terrain qui ne déclarera pas un incident. Mais on veut une culture de déclaration», a-t-il répété, se voulant rassurant.