Le nombre de personnes qui reçoivent un diagnostic de diabète a explosé au Québec depuis 10 ans. La situation est inquiétante au point où l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) prévient le gouvernement que la demande en soins poursuivra sa montée, ce qui va générer un stress accru sur le système déjà surchargé. Et qu'en conséquence, il faut revoir les programmes de promotion des saines habitudes de vie afin de lutter contre cette maladie.

Entre l'an 2000 et 2007, le nombre de personnes qui ont reçu un diagnostic d'une forme ou l'autre de diabète est passé de 295 039 à 453 491 dans la province, soit une augmentation de 53,7%, révèle le rapport tiré d'un programme de surveillance de l'INSPQ, et dont les données viennent d'être dévoilées. Les hommes demeurent les plus touchés, mais l'augmentation est tout aussi marquée chez les femmes. Globalement, on estime donc que 1 Québécois sur 13, âgé de 20 ans et plus, vivait avec un diagnostic de diabète en 2007.

Dans la majorité des cas (9 fois sur 10), les personnes souffrent du diabète de type 2, dont les principales causes sont les mauvaises habitudes alimentaires et le manque d'exercice. L'analyse démontre également que le diabète attaque de plus en plus jeune, même si la prévalence de la maladie augmente en flèche à partir de 40 ans. En fait, la proportion de diabétiques atteint son sommet chez les gens âgés de 80 à 84 ans avec plus ou moins une personne sur quatre touchée par la maladie (26,7% des hommes, 22,3% des femmes).

«Ce qu'on remarque, dit Isabelle Larocque, auteure de l'étude et épidémiologiste à l'INSPQ, c'est que le diabète augmente à cause du vieillissement de la population et des nouveaux traitements qui font en sorte qu'il y a moins de mortalité reliée au diabète. Globalement, donc, les taux seraient les mêmes s'il n'y avait pas le vieillissement de la population.»

À ce chapitre, l'Institut indique que 19% des diabétiques mourraient des suites de la maladie, en 2000, une proportion qui a diminué à 15%, en 2007. Il est encore trop tôt pour l'affirmer sans l'ombre d'un doute, ajoute Mme Larocque, mais on observe également que le nombre de diabétiques tend à diminuer chez les hommes, et tend à augmenter chez les femmes.

Les données de L'INSPQ vont dans le même sens qu'une enquête de Diabète Québec en partenariat avec l'Association canadienne du diabète. Selon leurs projections, 760 000 Québécois souffrent de diabète présentement, mais 200 000 personnes l'ignorent. «Quand on fait le calcul, ça veut dire qu'on compte un diabétique de plus toutes les 13 minutes, fait remarquer le porte-parole de Diabète Québec. Ce qui est très inquiétant, c'est qu'on estime qu'environ 20% de ces diabétiques n'ont pas de médecin de famille. Ça veut donc dire qu'ils doivent aller dans les cliniques sans rendez-vous, qu'il n'y a pas de suivi, et que, bien souvent, les diabétiques sont mal ou sous-médicamentés.»

La semaine dernière, le ministre de la Santé a annoncé que les pompes d'insuline seront dorénavant remboursées pour les enfants atteints du diabète de type 1. Diabète Québec aimerait maintenant que le gouvernement s'affaire à donner accès à un médecin de famille à tous les diabétiques, et que les programmes d'enseignement pour faire face à la maladie soient éprouvés.