Les services alimentaires des futurs hôpitaux universitaires (CHUM et CUSM) seront privatisés, redoutent les syndicats qui représentent leurs employés.

Avec l'ouverture du campus Glen, en 2014, «on craint de perdre de 15 à 20 postes de techniciens en diététique», a dit hier à La Presse Francis Collin, de l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS). D'autres emplois sont en jeu, puisque les cuisines seraient confiées à la multinationale Sodexo.

«Sodexo est impliquée dans la planification du campus Glen», a confirmé Ian Popple, porte-parole du Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Il est «tout à fait possible» que la multinationale soit présente dans le nouvel hôpital, a-t-il ajouté. «Mais nous ne prévoyons aucune coupe de poste», a précisé M. Popple.

«On n'est pas contents, on veut que nos emplois restent publics, a indiqué Olga Giancristofaro, présidente du syndicat des employés du CUSM (CSN), qui représente le personnel des cuisines. On aimerait que l'employeur nous en dise plus sur le campus Glen.»

Le CUSM fait déjà affaire avec Sodexo, dans une formule hybride: les 400 employés des services alimentaires sont ceux des hôpitaux, mais 15 gestionnaires travaillent pour la multinationale. Des économies de 600 000$ par an, espérées avec cette sous-traitance, ne se sont pas matérialisées, selon une étude de l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS) commandée par la CSN.

Au contraire, le coût par repas est passé de 6,45$ en 1999-2000 à 6,97$ en 2008-2009, une hausse de 8,1%. «Cette augmentation me semble exacte, a dit M. Popple. Nous en sommes fiers, nous tentons de limiter les dépenses.» Quant au ratio de la masse salariale par rapport aux repas, il a baissé de 4% en 10 ans, d'après l'étude.

Retards

Le service quasi hôtelier Menu à la carte, qui permet aux patients de commander ce qu'ils désirent manger et dont La Presse a fait état samedi, est proposé par Sodexo. «Nos gens sont en faveur du service aux chambres, ils ont collaboré à son installation, mais il y a un grand écart entre l'idéologie et la réalité», a dénoncé M. Collin.

Promise en moins d'une heure, la livraison des plateaux «est régulièrement en retard, soit par manque de personnel, d'aliments ou de vaisselle propre», a-t-il énuméré. «La valeur nutritive des repas offerts n'est pas bonne, la priorité n'est pas les patients, mais de faire des profits à la cafétéria», a ajouté Mme Giancristofaro.

Sodexo au CHUM?

Au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM), rien n'a été privatisé dans les cuisines jusqu'à maintenant, a indiqué Lucie Dufresne, porte-parole. Tel que rapporté dans La Presse de samedi, le nouveau CHUM offrira lui aussi un menu à la carte, en plus des plateaux-repas traditionnels, à partir de 2016.

Le plan fonctionnel et technique du futur CHUM (daté de mars 2009) prévoit que 65% des aliments seront livrés prêts à l'emploi au lieu d'être cuisinés sur place, selon l'IRIS. Une annexe du plan, traitant du «Service aux chambres - mode hôtelier», nomme la multinationale Sodexo.

Mme Dufresne n'a pu indiquer, hier, si les services alimentaires du nouveau CHUM allaient être privatisés et si le contrat allait être accordé à Sodexo. Une perte de 64 postes (équivalents temps complet) est à prévoir si cela se concrétise, calcule l'IRIS.