Le cancer ne prend pas la place qui lui revient dans le débat public, selon des oncologues et des professionnels de la santé canadiens, qui veulent profiter de la campagne électorale fédérale pour mettre cet enjeu de l'avant.

Le rapport annuel de la Coalition action cancer Canada sur l'état de la maladie au pays pourra permettre aux candidats, souhaitent les auteurs, de dépasser les lieux communs dans leurs positions sur le système de santé.

«On aimerait certainement que le débat politique s'intéresse au système de santé et aux problèmes auxquels nous faisons face. Jusqu'à maintenant, les débats et les discussions ont pas été très informatifs», se désole Pierre Major, l'oncologue responsable de la publication. «On espère que notre évaluation et l'attention des médias pourra faire avancer le débat.»

Les gouvernements et le système de santé devraient faciliter la vie des patients aux prises avec un cancer plutôt que de leur mettre des bâtons dans les roues, plaident les professionnels de la santé membres de la coalition.

Ces malades devraient pouvoir se concentrer sur leur lutte contre le cancer plutôt que de devoir se battre aussi contre le système hospitalier, ajoutent ces professionnels dans leur rapport annuel.

Selon la Coalition action cancer Canada, l'accès à des traitements, l'obtention rapide d'un diagnostic et la disponibilité de programmes de prévention font souvent défaut au Canada.

Pierre Major met notamment de l'avant le transfert de responsabilités vers les pharmaciens et d'autres professionnels du secteur, afin de permettre aux médecins de voir davantage de patients. «On a besoin d'utiliser au maximum notre capital humain pour améliorer les soins de santé», soutient le médecin de Hamilton.

«Les listes ne vont pas s'améliorer si on ne fait aucun changement. Si on continue de la même façon, on va avoir les mêmes résultats, et ce sont des résultats qui sont inacceptables.»

Au cours des deux dernières années, quelque 345 000 Canadiens ont reçu un diagnostic de cancer.

Le groupe, à travers son évaluation annuelle de l'état du cancer au pays, appelle aussi à la mise sur pied de davantage d'essais cliniques au Canada. Ceux-ci peuvent constituer des traitements novateurs et efficaces dont on ne devrait pas priver les patients, soutiennent les médecins.

M. Major souhaite que les partis fédéraux se prononcent aussi concernant les prochaines négociations sur les transferts fédéraux en santé, qui assurent une partie du financement des systèmes de soins des provinces. L'entente qui prévaut actuellement est valide jusqu'en 2014.

«Quelles sont vos attentes dans les négociations fédérales-provinciales qui auront lieu dans quelques années?», demande-t-il aux formations politiques.

«On reconnaît que la santé est de compétence provinciale, mais le gouvernement fédéral peut établir des standards qui pourraient s'appliquer à travers le Canada.»

Le rapport tire aussi à boulets rouges sur la couverture d'assurance-médicaments en vigueur au Canada, plaidant qu'elle est incomplète et trop étroite. La coalition fait la promotion d'une couverture publique spéciale pour les malades qui ont besoin de médicaments très coûteux.