Soixante personnes âgées ont été relogées en janvier dans une aile «misérable» du centre multivocationnel Claude-David, à Repentigny. Depuis, 15 d'entre elles sont mortes dans ce «nid à infections», dénonce le Parti québécois.

La députée de Crémazie, Lisette Lapointe, blâme le ministre de la Santé et des Services sociaux, Yves Bolduc, pour avoir autorisé ce transfert à la fin de l'année dernière, une décision qu'elle qualifie d'immorale. Ces 60 personnes étaient en attente d'un lit à l'hôpital Pierre-Le Gardeur, où les urgences sont souvent débordées.

«On a déplacé ces personnes en perte d'autonomie dans une aile désaffectée non adaptée et non rénovée de l'ancien hôpital, où elles sont carrément entassées à quatre par chambre avec une toilette commune à l'extérieur de la chambre. C'est un véritable nid à infections: rien pour contrôler la contagion, des conditions de misère», a affirmé Lisette Lapointe lors de la période des questions à l'Assemblée nationale, hier. Elle a ajouté qu'une seule infirmière auxiliaire doit s'occuper de 37 patients. Ses critiques faisaient écho à une sortie de la présidente du syndicat local, Lyne Bouchard.

Yves Bolduc reconnaît que «ce ne sont pas des milieux neufs», mais affirme que les lieux sont «quand même sécuritaires». «Ces gens-là sont bien traités», a-t-il ajouté. Il a précisé que la situation, temporaire, sera «corrigée au cours des prochains mois», notamment grâce à l'ouverture de places en ressources intermédiaires. Un établissement neuf ouvrira ses portes ce printemps, et l'aile du centre Claude-David sera rénovée à compter de l'automne.

Lisette Lapointe a bondi: «On ne peut pas laisser temporairement mourir du monde!»

«Rien à voir»

Mais selon Yves Bolduc, les 15 morts n'ont «rien à voir» avec le transfert et le lieu d'hébergement: «Ces personnes-là sont en fin de vie. Dans cette période, la durée de vie en général des gens est de six mois. Si vous regardez le nombre de personnes qui sont là et le nombre de personnes qui sont décédées, ça fait partie du courant normal de la vie.»

Il a accusé le PQ de démagogie. «À un moment donné, on décède, et ça fait partie du cours normal des choses. Cessons d'exagérer par rapport à ça, et surtout, arrêtez d'inquiéter les familles et les patients.»

Yves Bolduc a rencontré la direction de l'hôpital Pierre-Le Gardeur l'an dernier et a approuvé sa «stratégie de réorganisation des patients dans un contexte sécuritaire», un plan qui visait à soulager les urgences. «Une personne âgée est beaucoup mieux d'être dans une chambre à deux et à trois et à quatre lits que d'être dans un hôpital de courte durée où elle n'a pas d'affaire. En plus de ça (en étant à l'hôpital), elle prend la place d'un autre patient qui est à l'urgence pour 72 ou 96 heures», a-t-il expliqué.

Lyne Bouchard reproche au ministre de minimiser et de banaliser la situation. Les aînés transférés vivent dans des conditions inadéquates, a-t-elle insisté. «Les familles déposent plainte par-dessus plainte. Les travailleuses attendent juste qu'il y ait une place ailleurs pour sortir de là. Elles m'ont dit: «Ça meurt comme des mouches!»»

Le centre de santé et de services sociaux du Sud de Lanaudière a ouvert une enquête interne. «Selon les informations préliminaires, la majorité de ces personnes, dont l'âge moyen est de 86 ans, sont décédées à la suite de complications d'infections virales», a-t-il dit dans un communiqué.

Lyne Bouchard estime que les mesures d'hygiène sont insuffisantes, ce qui peut expliquer certains décès. Et la mort d'un homme qui s'est étouffé avec un bout de pain est «troublante», selon elle.

Les mesures d'hygiène et de prévention des infections sont adéquates et appliquées au centre Claude-David comme ailleurs, a dit pour sa part la directrice des services professionnels et des affaires médicales au CSSS Sud de Lanaudière, Marjory Nicole.