Le Parti québécois soupçonne une collusion entre les consortiums en lice pour les contrats de construction du nouveau CHUM et de son centre de recherche. Le gouvernement Charest rétorque que l'opposition n'a pas «l'ombre d'une preuve» de ce qu'elle allègue.

À l'Assemblée nationale jeudi, la députée Agnès Maltais a rappelé que l'un des deux consortiums - Axor-Dalkia - s'était désisté à la toute fin du processus, l'an dernier, dans le cas du projet de construction du centre de recherche, «laissant la voie libre à l'autre», Accès Recherche CHUM.

Et «pour le CHUM, c'est l'inverse», a-t-elle ajouté. Le Devoir a révélé cette semaine que l'un des deux consortiums pour la construction du nouveau CHUM, Accès Santé CHUM - qui regroupe entre autres les mêmes entreprises québécoises qu'Accès Recherche CHUM -, a été disqualifié parce que sa proposition financière défonçait le cadre budgétaire, fixé à 2 milliards de dollars. Il ne reste plus qu'Innisfree-OHL-Dalkia en lice. C'est le soumissionnaire gagnant qui sera confirmé aujourd'hui par le gouvernement.

«Non seulement il n'y a plus aucune concurrence qui joue, mais on est devant une situation troublante qui nous amène à soupçonner qu'il y a eu collusion. Tout le monde au Québec comprend que s'il y a eu 400 rencontres où les deux consortiums se sont parlé et qu'à la fin, la manne est séparée, chacun s'est retiré au bénéfice de l'autre», a dit Mme Maltais.

«À la fin, les deux consortiums gagnent chacun une part du plus gros contrat de l'histoire du Québec. Les deux consortiums gagnent, tous les contribuables perdent», a-t-elle ajouté, demandant au gouvernement des garanties qu'il n'y a pas eu collusion.

Allégations réfutées

La présidente du Conseil du Trésor, Michelle Courchesne, n'a pas voulu confirmer que l'un des deux consortiums en lice pour la construction du nouveau CHUM a présenté une proposition financière non conforme. Mais contrairement au projet du Centre de recherche, il n'y a pas désistement, a-t-elle noté, déplorant que la députée Maltais laisse entendre le contraire.

«Cent soixante personnes, de façon extrêmement rigoureuse, ont fait l'analyse technique des deux propositions. Depuis le 31 janvier, un processus est en cours sur l'analyse financière des deux propositions présentées par les consortiums», a affirmé Mme Courchesne.

Elle a ajouté qu'un vérificateur indépendant a remis au conseil d'administration du CHUM un rapport dans lequel il indique que «le processus de soumission a été effectué de façon équitable et transparente, dans le respect des règles de confidentialité et de concurrence».

Selon ce rapport, que La Presse a obtenu, les autorités publiques ont agi pour assurer l'existence d'une «saine concurrence». Le vérificateur note que les autorités publiques ont organisé des ateliers d'information bilatéraux; donc les soumissionnaires n'étaient pas ensemble à ces rencontres, comme l'a affirmé Mme Maltais.

Chez les libéraux, on note également que la composition des consortiums diffère. D'une part, la société Axor, l'un des membres importants du consortium qui a obtenu le contrat du centre de recherche, ne fait plus partie du consortium en lice pour le contrat du nouveau CHUM. D'autre part, Innisfree et OHL ne font pas partie du consortium qui a décroché le contrat du centre de recherche.

Pour Michelle Courchesne, «les propos de la députée ont de graves conséquences», dans la mesure où la plupart des entreprises concernées sont cotées en Bourse. Et du reste, «pensez-vous, M. le président, que des entreprises cotées en Bourse prendraient de tels risques et se conformeraient à ce que dit la députée de Taschereau?»

Agnès Maltais a répliqué que le gouvernement est «en train de cautionner ce qui ressemble à de la collusion».