Les physiothérapeutes, travailleurs sociaux et ergothérapeutes des quatre centres d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) du sud de Lanaudière devront dorénavant servir les repas aux patients, remplir leurs verres d'eau et attacher leur bavoir. Ces gestes, anodins en apparence, diminueront considérablement leur temps d'intervention directe auprès des patients. Le syndicat ne comprend pas que ces tâches, normalement accomplies par des préposés aux bénéficiaires, soient maintenant confiées à des professionnels dont les services sont en grande demande.

La vingtaine de professionnels des CHSLD de Lanaudière ont dû cette semaine «observer» un dîner et un souper dans leur établissement afin de voir comment ils pourront intervenir durant les repas.

Approche «milieu de vie»

Selon le président du syndicat, Daniel Dubé, le CSSS du sud de Lanaudière justifie ces changements par le désir d'adopter une approche «milieu de vie». Le gouvernement manifeste depuis plusieurs années son intention d'implanter cette approche dans les CHSLD afin que les résidants se sentent comme à la maison plutôt que dans un hôpital.

«Les repas sont des activités significatives pour les résidants. On veut que tout le monde participe. Les professionnels vont pouvoir desservir les résidants, discuter avec eux pendant le repas... Mais ils vont aussi pouvoir faire de l'intervention en lien avec leur spécialité. Par exemple, un ergothérapeute pourra travailler l'autonomie à l'alimentation», illustre Linda Boucher, conseillère en milieu de vie au CSSS du sud de Lanaudière.

Le directeur du soutien à l'autonomie, Jacques Couillard, comprend les préoccupations des professionnels. «On ne demandera à personne de faire des choses avec lesquelles ils sont mal à l'aise. On veut simplement favoriser l'approche milieu de vie», dit-il.

Mais M. Dubé estime que faire participer les professionnels aux repas est ridicule. «Ils vont devoir prendre du temps clinique pour être présents aux repas. Dans nos CHSLD, il n'y a pas une tonne de professionnels. Si en plus on réduit les heures d'intervention, l'attente pour les services va encore augmenter. C'est clairement une mauvaise utilisation des ressources.»

Des professionnels froissés

M. Dubé est d'autant plus mécontent que des postes d'infirmières auxiliaires ont récemment été abolis. «On dirait qu'on demande aux professionnels de faire le travail de ceux qui ne sont plus là.» Il explique que les professionnels sont froissés par cette décision administrative. «Ils ont l'impression que leur expertise n'est pas reconnue. Ils vivent ça comme un manque de respect pour eux et pour les résidants qui vont avoir moins de service, soutient-il. Les professionnels aiment les résidants et sont prêts à améliorer le milieu de vie. Mais ils ont un travail à faire et veulent pouvoir le faire.»

«On est conscient qu'on bouscule les manières de faire. Mais on veut un milieu moins médical», martèle M. Couillard.