Un rapport interne du gouvernement sur l'évolution du cancer de 1984 à 2006 confirme qu'il est la première cause de décès au Québec et que le nombre de cas augmente en flèche depuis 10 ans, notamment en raison du vieillissement de la population. Tous cancers confondus, les hommes demeurent les plus touchés, mais les femmes sont de plus en plus nombreuses à en mourir, principalement du cancer du poumon, le plus meurtrier de tous.



En 2006 seulement, 38 911 nouveaux cas de cancers ont été déclarés, sans compter ceux de la peau autres que le mélanome. Durant la même année, 18 077 personnes sont mortes d'un cancer, alors que 14 596 sont mortes d'une maladie cardiovasculaire.

Plus de la moitié des nouveaux cas décelés, soit 56%, sont des cancers du poumon, du côlon-rectum, du sein et de la prostate. La majorité des cas surviennent après l'âge de 60 ans pour 64% des femmes et pour 74% des hommes. On explique ce pourcentage plus bas chez les femmes par le fait que le cancer du sein est diagnostiqué avant l'âge de 60 ans dans près de la moitié des cas (47%).

Pour parvenir à ces statistiques, quatre chercheurs ont compilé les données du Fichier des tumeurs du Québec (FITQ) et du fichier provincial sur les décès. Ils se sont servis de l'année 2001 pour parvenir à un taux standardisé. Par exemple, on apprend que le cancer du poumon touche 107 hommes sur 100 000, comparativement à 64 femmes sur 100 000. Cependant, on note une baisse du taux de mortalité de 29% chez les hommes alors que, chez les femmes, il a augmenté de 40% durant la même période.

Les chiffres confirment également que les femmes sont de plus en plus touchées par le cancer du sein et le cancer colorectal. Leur incidence a augmenté de 12% et 19% respectivement de 1984 à 2006, tandis que le taux de cancers colorectaux est demeuré stable chez l'homme. Le cancer de la prostate a connu une très légère augmentation depuis 1999.

Plus on prend de l'âge, plus les risques de mourir d'un cancer augmentent, confirme aussi le rapport, intitulé Portrait du cancer au Québec, 2006. Les hommes de 50 à 59 ans risquent 4,4 fois plus de mourir du cancer que ceux de 40 à 49 ans. Les données sont sensiblement les mêmes pour les femmes, selon le type de cancer. Sur une note plus positive, on souligne que l'indice de cancer est demeuré stable chez les enfants et les adolescents, qui ne comptent que pour 0,7% des cas de cancer annuellement. En général, les jeunes de 20 ans et moins sont touchés par la leucémie et le cancer de l'encéphale.

Le rapport, qui servira de repère aux intervenants du réseau de la santé, s'attarde aussi au cancer selon les régions. Encore une fois, le Grand Nord est plus touché. Dans les autres régions, on note que le profil de mortalité n'a rien d'exceptionnel, mis à part dans l'Outaouais, où les taux de mortalité sont supérieurs à la moyenne du Québec.

Au ministère de la Santé et des Services sociaux, aucun responsable du dossier n'était disponible pour commenter les résultats du rapport, hier. Dans l'avant-propos du volumineux document, Alain Poirier, sous-ministre, souligne que ce rapport deviendra «un outil de référence utile à la prise de décision» et qu'il servira à «alimenter les stratégies».

En novembre dernier, le ministre Yves Bolduc a annoncé le déploiement graduel d'un programme de dépistage du cancer colorectal pour les hommes et les femmes de 50 à 74 ans. Tout comme pour le programme de dépistage du cancer du sein, nombreux sont ceux qui, dans la communauté médicale, réclament un registre afin de suivre l'évolution de ce cancer. Le gouvernement voudrait réduire de 17% la mortalité liée au cancer colorectal.

- Avec la collaboration d'André Noël