Le réseau des Fédérations de l'âge d'or du Québec demande à Québec de procéder à une vérification des antécédents des propriétaires et employés de résidences pour personnes âgées, au même titre qu'on le fait pour les garderies.

À la lumière des histoires d'horreur vécues par les pensionnaires du Pavillon Marquette, le Réseau FADOQ estime qu'une telle vérification doit être intégrée au nouveau processus de certification des résidences mis en place par le gouvernement Charest.

«Il faut protéger les aînés en résidence, affirme le directeur général du Réseau FADOQ, Danis Prud'homme. C'est une clientèle plus vulnérable et en plus ils ont de l'argent dans certains cas. C'est ce qu'on demande depuis un certain temps, d'instaurer une obligation de vérification.»

M. Prud'homme s'explique mal que le propriétaire du Pavillon Marquette, Déjean Victor, ait pu continuer à opérer malgré le fait qu'il ait été condamné pour fraude fiscale et qu'un établissement dont il est propriétaire se soit vu retirer son permis d'alcool pour vente illégale d'alcool.

Les pensionnaires du Pavillon Marquette, qui étaient apparemment mal nourris, négligés, ne recevaient pas toujours leurs médicaments ni les soins d'hygiène de base, ont dû être évacués.

L'institution avait d'ailleurs déjà mauvaise réputation dans le milieu, indique François Théorêt, directeur général de Visavie, une firme de conseillers en hébergement pour aînés: «Des résidences, il en existe une multitude, des grosses, des petites, des bonnes et des moins bonnes, tout comme les CHSLD dans le réseau public. Le Pavillon Marquette en est une des moins bonnes. Nous ne référions pas là depuis longtemps.»

Il n'est toutefois pas nécessaire d'aller aux extrêmes pour faire basculer la situation. «Il s'agit d'y avoir un ou quelques individus qui ne donnent pas la qualité désirée et c'est là que les histoires d'horreur surviennent, explique M. Théorêt. Certains CLSC doivent parfois sortir leurs clients de certaines résidences, comme il l'ont fait avec Marquette.»

Une situation problématique peut toutefois se régler plus facilement, précise-t-il: «Nous avons déjà eu des plaintes sur la propreté dans certaines résidences. Nous sommes allés rencontrer la direction, nous avons demandé un plan d'action pour régler la situation et le jour où ç'a été corrigé, nous sommes allés réinspecter et nous avons recommencé à référer doucement, en gardant un oeil très critique sur la situation.»

Tant M. Théorêt que M. Prud'homme reconnaissent, toutefois, que la certification des maisons d'hébergement représente un progrès significatif pour les personnes âgées.

«La mise en place de la certification a donné lieu à un gros effort, indique M. Théorêt. Avec les effectifs qu'ils ont, ce qu'ils ont fait est très bien. Maintenant, est-ce qu'on peut faire plus? Oui, mais à quel coût? Est-ce qu'ils ont le budget pour le faire? Ça c'est une autre histoire.»

M. Prud'homme, pour sa part, estime que la question ne se pose même pas: «Si on veut un processus de certification de ce type, on doit évidemment y mettre les ressources, qu'elles soient financières ou humaines, pour arriver à le faire de la bonne façon.»

«La ministre (déléguée aux Services sociaux, Dominique Vien) a indiqué que des choses seraient mises en place pour pallier à certaines lacunes de la certification. On ose espérer que la correction de ces lacunes comprendra des ressources financières additionnelles et des ressources humaines, parce qu'on a besoin de plus de gens sur le terrain.»

L'inspection est le nerf de la guerre, fait-il valoir. Sans contrôle, la certification ne devient qu'un bout de papier qui ne peut protéger des personnes vulnérables à lui seul.

Il précise cependant que les aînés ont aussi une part importante de responsabilité lorsque vient le temps de se trouver une résidence.

«Les personnes doivent aller visiter la résidence, voir de leurs propres yeux les différents services qui sont offerts, manger un repas lorsqu'ils visitent pour s'assurer que c'est bon avant d'aller demeurer là.»

«Visitez les lieux sanitaires, visitez les chambres, visitez les toilettes. Posez des questions: s'il n'y a pas une toilette complète avec bain et douche, où sont-ils? Peut-on en prendre quand on veut? Peut-on recevoir de la visite quand on veut? Y a-t-il un salon pour recevoir la visite si notre chambre est trop petite?»

Des conseils auxquels M. Théorêt fait écho: «Surveillez d'abord la propreté des lieux, les repas, les services disponibles, les services de soins, ce sont des éléments-clés. Même si on ne peut pas aller manger à tous les services, on peut regarder le menu et si on voit des «grilled cheese' quatre fois par semaine au souper et des hot dogs au diner, on doit se poser des questions!»

Il avertit au passage de se méfier de la publicité: «On voit souvent de belles images de retraités de 55 ans, hyperactifs, en vélo etc. Sauf que la moyenne d'âge en résidence se situe entre 78 et 82 ans.»

En contrepartie, il fait valoir que le Québec compte quelque 2200 résidences privées pour personnes âgées et que la grande majorité offrent de très bons milieux de vie.

«La population aînée est généralement bien desservie au Québec. Évidemment, il y a des exceptions et ce sont ces exceptions dont on entend parler dans les médias mais, dans l'ensemble, il y a de très beaux milieux. Il y a même des endroits où je serais moi-même prêt à aller habiter demain matin, tout comme il y a d'autres milieux où jamais dans 100 ans j'irais ou je référerais quelqu'un!»