L'aile psychiatrique du CHUM compte 60 lits destinés à des patients qui ont besoin de soins aigus. «La pression est importante, dit Paul Lespérance, chef du service. Aux urgences, il a en moyenne 14 consultations par jour. Généralement, on hospitalise le quart de ces patients, ce qui veut dire qu'on doit donner trois ou quatre congés par jour. Il faut que ça roule.» Le problème, c'est que 20% des lits sont occupés par des patients stables, mais dont l'état se détériore rapidement hors des murs de l'hôpital. Alors, ils y restent pendant des mois, voire des années. En voici quatre exemples.

Un homme dans la quarantaine

Schizophrène paranoïde et toxicomane. Il souffre aussi de troubles neurocognitifs qui entraînent des pertes de mémoire et une grave désorganisation. Toutes les tentatives de placement ont échoué.

Fin des soins actifs depuis sept mois.

Un homme dans la soixantaine

Schizophrène et déficient intellectuel. Laissé à lui-même, il peut être dangereux. Il a mis volontairement le feu dans les ressources d'hébergement où il avait été envoyé.

Fin des soins actifs depuis trois ans.

Une femme dans la soixantaine

Schizophrène et bipolaire. Suivie en psychiatrie depuis 40 ans, elle souffre d'un grave trouble de la personnalité. Toutes les tentatives de prise en charge ont tourné à la catastrophe. Elle a épuisé les ressources du réseau public, mettant le feu à son dernier appartement supervisé.

Fin des soins actifs depuis trois mois.

Un homme dans la vingtaine

Schizophrène, toxicomane et déficient intellectuel. Impulsif, il frappe les gens sans raison. Avant son hospitalisation, il vivait dans la rue.

Fin des soins actifs depuis un mois, mais son médecin prévoit qu'il restera longtemps au CHUM.

La seule ressource qui pourrait l'accueillir, fermée et sécuritaire, ne compte que 13 lits pour toute l'île de Montréal. Il faut pratiquement attendre qu'un patient meure pour y obtenir une place.