Les unités de soins intensifs qui disposent de chambres individuelles ont moitié moins d'infections graves, selon une nouvelle étude réalisée à l'Hôpital général de Montréal avant et après des rénovations de 6,5 millions de dollars. Selon cette étude, la durée des séjours aux soins intensifs pourrait diminuer de 10% si chaque patient avait sa propre chambre.

«Je pense que nous réglons la question pour ce qui est des soins intensifs», explique David Buckeridge, épidémiologiste à l'Université McGill, l'un des coauteurs de l'étude, publiée lundi dans Archives of Internal Medicine. «Pour ce qui est des autres chambres, les lignes directrices pour les nouveaux hôpitaux et les rénovations majeures prescrivent déjà des chambres individuelles. Il faudrait un peu plus de recherches pour déterminer s'il est opportun de faire des rénovations seulement pour rendre les chambres individuelles.» Le CHUM et le CUSM auront des chambres individuelles.

Les chercheurs de McGill ont analysé les infections nosocomiales qui sont survenues aux soins intensifs de l'Hôpital général de Montréal entre 2000 et 2005. En mars 2002, le nombre de chambres est passé de 4 à 24, toutes individuelles. L'évolution du nombre de cas a été comparée à celui des soins intensifs de l'hôpital Royal Victoria, qui avaient 13 chambres. Pour les trois infections les plus problématiques - le C. difficile, le staphylocoque doré multirésistant et un entérocoque résistant -, le nombre de cas a chuté de moitié. Durant les 5 ans qu'a duré l'étude, 3000 infections nosocomiales ont été signalées à l'Hôpital général.

«On ne sait pas au juste quel facteur est le plus important dans les chambres individuelles, dit le Dr Buckeridge. Il se pourrait que les lavabos soient plus accessibles et faciles à utiliser par le personnel et les visiteurs. Ou alors, que les chambres soient plus faciles à laver. Ça pourrait aussi être dû à un moindre partage des équipements. Ce sont ces facteurs qui devraient être étudiés pour faire une analyse coût-bénéfice avant de rénover des chambres ordinaires d'un hôpital existant.»

L'étude n'est pas la première de ce genre, mais elle a beaucoup plus de force statistique. «On a pu rassembler cinq ans de données. Les études antérieures se limitaient à quelques mois.» L'étudiante au doctorat qui a fait l'étude, Dana Teltsch, se penchera maintenant sur la probabilité qu'un patient atteint d'une infection nosocomiale la transmette au patient qui occupe le lit après lui.