Les autorités de la Santé publique tiennent un discours rassurant et invitent encore la population à aller se faire vacciner, alors que les urgences du Québec sont aux prises avec des épidémies de gastro-entérite et de grippe.

Dans la région de Lanaudière, la pire au Québec, le taux d'occupation des urgences atteignait jeudi 219% et se maintient au-dessus du seuil des 200% depuis lundi.

Les Laurentides se trouvent à peine dans une meilleure situation, avec un taux d'occupation de 173%, jeudi, et des taux dépassant 180% depuis dimanche.

Dans bien des cas, cependant, la situation s'est légèrement améliorée de mercredi à jeudi.

«Il n'est pas trop tard pour se faire vacciner», a lancé une fois de plus le directeur de la protection de la santé publique du Québec, Horacio Arruda, au cours d'une rencontre avec la presse. La prévention reste la meilleure arme.

Sans avoir de chiffres précis encore à livrer, les autorités soupçonnent d'ailleurs que moins de gens se seraient fait vacciner cette année, ce qui pourrait avoir contribué à l'épidémie d'influenza et au pic qui survient plus tôt qu'à l'habitude.

Quant aux gens qui se présentent à l'urgence, ils sont véritablement malades et mal en point, a confirmé l'urgentologue Marc Beique. Il ne s'agit pas de cas de malades qui se rendent à l'urgence parce qu'ils n'ont pas accès à un médecin de famille, a-t-il assuré.

«Ils sont malades. Quand on regarde les patients qui sont couchés sur civière, on ne parle pas de patients ambulatoires qui entrent à l'urgence et qui vont retourner à la maison dans une heure, dans deux heures ou dans six heures, peu importe le temps d'attente. Ce sont des gens qui, en grande majorité, ont besoin d'être hospitalisés, donc qui ne peuvent être maintenus à domicile», a rapporté le docteur Beique.

De son côté, le docteur Arruda rappelle les consignes d'hygiène habituelles, comme se laver fréquemment les mains, utiliser des désinfectants à l'alcool, rester chez soi si l'on est malade et combattre la fièvre par de l'acétaminophène.

Et le vaccin offert cette année contient justement la souche H3N2, la souche qui est retrouvée dans les tests de laboratoire des patients atteints du virus de la grippe.

Le docteur Beique se fait rassurant. «Il y a des efforts considérables qui sont faits qui ne sont pas publics, mais qui se font tranquillement, des questions de réajustement du réseau, de renforcement de comportement, d'encouragement aux gens à prendre leurs responsabilités. Ça commence à porter des fruits. Aujourd'hui, on est dans une situation difficile, mais on est en train de se sortir d'une situation difficile parce qu'effectivement, les gens ont mis l'épaule à la roue. La diminution des taux d'occupation qu'on voit aujourd'hui, ce n'est pas juste arrivée parce que la grippe est partie, c'est parce qu'il y a beaucoup de monde qui a fait beaucoup d'efforts, dans les dernières 24 heures, pour replacer les gens à la bonne place.»

L'opposition péquiste, de son côté, a plutôt blâmé le ministre de la Santé et des Services sociaux, Yves Bolduc. «Nous vivons présentement une situation de crise aiguë et le ministre de la Santé est particulièrement muet. Mais où est donc le ministre Bolduc quand nous avons besoin de lui?» a demandé la porte-parole de l'opposition pour les questions de santé, Agnès Maltais.

Le ministre, affirme Mme Maltais, «doit agir pour libérer des lits dans les hôpitaux». Il pourrait, par exemple, financer l'ouverture temporaire de lits de transition dans le but de libérer des lits d'hospitalisation. «Cela permettrait de désengorger davantage les salles d'urgence», a opiné la députée péquiste de Taschereau.