Ce n'est pas le moment d'aller aux urgences dans la grande région de Montréal : elles débordent plus que jamais. Une situation récurrente que les ambulanciers croient pouvoir améliorer en réorganisant leur façon de travailler.

Les urgences de la grande région de Montréal ne se désengorgent pas et la plupart sont bien plus occupées qu'à pareille date l'an dernier, révèlent les statistiques des différents hôpitaux.

Dans Lanaudière, alors que les taux d'occupation étaient d'environ 110% au début du mois de janvier 2010 dans les deux hôpitaux de la région, ils sont actuellement de 215% et 242%. En Montérégie, on a dû gérer 1307 visites aux urgences mercredi, 45 de plus qu'à pareille date l'an dernier.

À Montréal, le nombre de visites est en hausse de 15%. Si bien que mercredi, 844 patients étaient présents dans les urgences alors que seulement 512 civières étaient à leur disposition.

La situation s'aggrave depuis quelques jours. Plusieurs hôpitaux montréalais qui affichaient jusqu'à maintenant des taux d'occupation avoisinant les 150% frôlaient ou dépassaient mercredi les 200%, dont le Centre hospitalier de St.Mary (213%), l'hôpital Notre-Dame du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) (209%), l'Hôtel-Dieu (CHUM) (197%), l'hôpital Jean-Talon (195%), l'Hôpital général du Lakeshore (213%) et l'hôpital de Verdun (200%).

À Montréal, le nombre de personnes séjournant depuis plus de 48 heures aux urgences était de 125, 30 de plus que la veille. À l'hôpital Notre-Dame, le nombre de séjours de plus de 48 heures est passé de 11 à 25 en une seule journée.

«C'est le bordel»

La chef des urgences du CHUM, la Dre Emmanuelle Jourdenais, reconnaît que «c'est le bordel» actuellement dans les urgences. «Juste hier (mercredi), on a reçu 562 transports ambulanciers contre 473 habituellement», dit-elle. Selon elle, les gens demandent des consultations pour différentes raisons, mais les quelques cas d'influenza et de gastroentérite n'expliquent pas à eux seuls l'affluence.

«Au CHUM, on a 70 patients aux étages qui occupent des lits en attendant d'avoir une place en convalescence, en réadaptation, en soins palliatifs ou en hébergement. Ces lits sont bloqués et ça a des répercussions sur les urgences», note la Dre Jourdenais.

Celle-ci ajoute que chaque année, les urgences sont très occupées après le jour de l'An. «C'est difficile de dire si on est plus occupés cette année qu'avant», remarque-t-elle.

Mais lundi, l'agence de la santé et des services sociaux de Montréal a affirmé enregistrer 15% de visites de plus que l'an dernier. L'Agence et le ministère de la Santé feront d'ailleurs le point sur la situation cet après-midi.

Idem en banlieue

En banlieue, la situation n'est pas plus réjouissante. À l'hôpital de Saint-Eustache, le taux d'occupation dépassait les 300% pour la deuxième journée consécutive, mercredi. «Depuis le 27 décembre, l'affluence est très élevée aux urgences», confirme la porte-parole du CSSS du Lac-des-Deux-Montagnes, Lyne Des Trois Maisons.

Alors que le taux d'occupation était de seulement de 126% à Noël, il a grimpé à 230% le 27 décembre et n'a jamais diminué depuis. «On reçoit en moyenne 25 ambulances par jour habituellement. Depuis quelques jours, on en reçoit plus de 40», affirme Mme Des Trois Maisons.

Dans Lanaudière, le centre hospitalier Pierre-LeGardeur présente un taux d'occupation de 242% et le Centre hospitalier régional de Lanaudière, un taux de 215%. Comme à Saint-Eustache, Lanaudière enregistre une forte hausse de sa population depuis quelques années particulièrement chez les aînés, ce qui explique en partie que les urgences soient si débordées, explique le directeur régional des affaires médicales pour l'agence de la santé et des services sociaux de Lanaudière, le Dr Jean-Claude Berlinguet.

En Montérégie, la situation était plutôt maîtrisée jusqu'à lundi. Mais mercredi, le nombre de séjours de plus de 48 heures aux urgences a bondi de 6 à 19. À Laval, la Cité-de-la-Santé a vu ses séjours de plus de 48 heures passer de 7 à 11, mercredi.

Mort en attendant

Par ailleurs, le coroner Jean Brochu a publié un rapport, lundi, dans lequel il explique comment l'affluence dans les urgences d'un hôpital montréalais a pu mener à la mort d'un patient l'an dernier. En février 2010, le journal The Gazette a rapporté que Mieczyslaw Figiel était mort aux urgences de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. Le Montréalais était arrivé aux urgences à 9h45 le 3 février. À 18h25, il s'est écroulé sans encore avoir vu de médecin.

Selon le coroner Brochu, le décès de M. Figiel «est survenu dans un contexte de salle d'urgence sont le personnel est débordé. Il est noté dans le dossier que certains patients arrivés à l'urgence le 2 février n'avaient pas encore vu le médecin le lendemain en fin d'après-midi».