Certains refusent d'aller aux soirées de Noël parce qu'ils ne veulent pas qu'on les voie sans cheveux. D'autres sont exaspérés parce que leur entourage les couve au point de ne rien leur laisser faire. Pour les personnes qui vivent avec le cancer, la période des Fêtes peut être très difficile.

Hier, quelques patients ont assisté à une séance de consultations organisée par la Fondation québécoise du cancer avec l'onco-psychologue Marika Audet-Lapointe, où ils ont pu recevoir des conseils pour mieux profiter des festivités à venir.

À la poignée de personnes présentes, Mme Audet-Lapointe a répété que le secret, pour des Fêtes réussies, c'est de s'entourer. «Certaines personnes qui suivent des traitements sont affaiblies et elles évitent les rencontres par crainte de contracter une maladie. Mais s'isoler ne fait qu'ajouter une tristesse supplémentaire. À moins de contre-indications, il faut s'entourer.»

Marie-France Picard, atteinte du cancer du sein, aurait bien aimé passer Noël avec ses enfants et ses petits-enfants. Mais elle n'en a pas la force. «Je dois me reposer», dit-elle. Avec son mari, Gérard Matte, ils iront voir leurs proches aujourd'hui, juste après le énième traitement que Mme Picard recevra à Montréal.

Les 24 et le 25 décembre, le couple restera à la maison, à Chertsey. «Mais je vais être aux fêtes du jour de l'An», annonce Mme Picard.

M. Matte vit difficilement avec le fait que sa femme ait le cancer. Cet homme costaud, à la retraite depuis 2007, a dû abandonner ses projets de voyage. Il s'est confié à Mme Audet-Lapointe: «Je trouve ça plus dur qu'elle. On commençait la retraite en 2007. Puis elle a eu une opération aux jambes et elle a appris qu'elle avait le cancer. Je me demande tout le temps si je vais perdre ma femme...»

Pour lui, le seul espoir se trouve dans les équipes médicales, dont il a salué la compétence. «Voir tout le travail qu'ils font, ça m'émeut», a-t-il dit avant d'éclater en sanglots et de reconnaître que le repos de Noël sera mérité.

Faire ce qu'on aime

Selon Mme Audet-Lapointe, pour qu'une personne atteinte du cancer passe un beau temps des Fêtes, elle doit déterminer ce qui est important pour elle à cette époque de l'année: «Si ce qui est important, c'est de recevoir son monde et de faire à manger, il faut essayer de trouver une façon de le faire. Si on annule tout, la tristesse s'accumule. Il faut se reposer, mais il faut être créatif pour ne pas abandonner tout ce qu'on aime.»

Les proches des cancéreux doivent aussi être à l'écoute. «Trop souvent, les proches veulent trop aider et ne laissent rien faire à la personne atteinte du cancer. Ce n'est pas mieux», observe Mme Audet-Lapointe.

Plutôt que d'être abattue par son cancer du sein, Claudette Tétreault affirme qu'elle est plus en paix que jamais. Sa maladie lui a permis de marquer un temps d'arrêt et de faire le point sur sa vie: «Je me suis fait un cadeau de Noël. J'ai décidé que je penserais à moi, maintenant», affirme cette résidante de Saint-Hyacinthe au regard pétillant et aux cheveux rouges.

Mme Tétreault passera Noël dans sa famille. Mais elle n'aura pas la même attitude qu'avant: «J'ai toujours acheté la paix en ne disant rien. Mais là, je me fais un cadeau de moi à moi, et je dis ce que je pense. Ça me fait un bien énorme. C'est toujours ça de pris!»