Alors que dans un monde idéal, le Québec devrait compter 1 médecin omnipraticien pour 1500 citoyens, on en compte actuellement 1 pour 1000. C'est assez, selon le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), le Dr Gaétan Barrette. Selon lui, la pénurie de médecins de famille n'existe pas dans la province, ce qui explique pourquoi le gouvernement a offert une faible hausse salariale aux médecins généralistes.

La semaine dernière, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) a qualifié de «méprisante» l'augmentation salariale de 4,5% en cinq ans qu'a proposée le gouvernement. La FMOQ réclame 20%.

Mais, selon le Dr Barrette, rien ne justifie cette demande. «C'est un ratio mondialement reconnu que d'avoir 1 omnipraticien pour 1500 patients. Comment peut-on clamer être en pénurie quand on en a beaucoup plus que ça ici?» demande-t-il.

Le président de la FMOQ, le Dr Louis Godin, reconnaît qu'il y a actuellement 1 médecin pour 1000 habitants au Québec: «Mais tous nos médecins de famille ne donnent pas de soins directs. Et plusieurs donnent des soins de deuxième ligne. Par exemple, 2400 des 2500 médecins aux urgences sont généralistes. Donc, même avec un ratio intéressant, on se retrouve avec un problème d'accès en première ligne. C'est pourquoi on demande qu'il y ait plus d'omnipraticiens.»

Rémunération

La FMOQ affirme que 2 millions de Québécois n'ont pas de médecin de famille et que, pour attirer plus de candidats, il faut hausser leur rémunération. Les omnipraticiens estiment qu'ils sont sous-payés et qu'ils gagnent jusqu'à 57% de moins que les médecins spécialistes, alors que cet écart est de 40% dans le reste du Canada.

Le Dr Barrette déplore que la FMOQ mêle les spécialistes à ses négociations. Selon lui, il est faux de prétendre que l'écart salarial est si grand. Le Dr Barrette reconnaît que le salaire moyen brut d'un spécialiste est de 295 000$, alors qu'il est de 197 000$ pour un omnipraticien. Mais, selon lui, si l'on décortique le salaire par services rendus, les omnipraticiens gagnent autant, voire plus que les spécialistes.

Le Dr Godin n'est pas du tout d'accord: «On ne peut pas comparer les actes des uns et des autres. Voir un patient dans un bureau, ça peut être très long. Mes médecins travaillent fort! Personne ne m'a encore prouvé que les omnipraticiens font moins d'heures.» Selon le Dr Godin, le Dr Barrette ne devrait pas se mêler des problèmes des omnipraticiens. «Ça fait deux ans qu'on se penche sur les problèmes d'accès en première ligne. Qu'il nous laisse travailler là-dessus, dit-il. On ne veut pas faire la guerre aux spécialistes. La population ne veut pas ça. On veut que le système fonctionne.»

Mais le Dr Barrette est clair: «Si leur argumentation était basée sur de vrais chiffres, je ne dirais rien. Mais là, c'est faux! clame-t-il. Oui, il y a des problèmes d'organisation qui limitent l'accès aux médecins généralistes. Mais ça n'a rien à voir avec le salaire.»