Québec renonce à éliminer ou à fusionner des agences régionales de la santé et des services sociaux. Le ministre Yves Bolduc a dévoilé jeudi un «plan de réduction de dépenses administratives et de soutien» qui privilégie d'autres mesures, parfois imprécises, pour contribuer au retour à l'équilibre budgétaire.

Avec ce plan, Québec veut réduire de 730 millions de dollars en trois ans la hausse prévue des dépenses du ministère de la Santé, qui atteindront 28 milliards cette année. «Il n'y aura aucune coupe dans les soins aux patients», a promis M. Bolduc en conférence de presse.

Le Ministère souhaite ramener la croissance des dépenses à 5% par année pendant trois ans, une cible «très réaliste», selon le ministre. La moyenne depuis 2003-2004 est de 5,8%.

Or, le Ministère n'a jamais respecté sa cible de croissance des dépenses. L'an dernier, elles ont bondi de 7,2%, alors que le budget prévoyait une hausse de 5%. Yves Bolduc s'attend à ce que les dépenses pour l'année en cours soient «très près de la cible budgétaire (5%), du jamais vu auparavant».

Fait surprenant, Yves Bolduc inclut dans son plan la baisse du prix des médicaments génériques, qui a déjà fait l'objet d'une annonce et qui permettra à l'État d'économiser 190 millions en trois ans. Le ministre a reconnu que l'achat des médicaments n'est pas une dépense administrative, mais il a fait valoir que la baisse du prix des médicaments génériques résulte d'une «décision administrative», ce qui explique que la mesure figure dans le plan.

Yves Bolduc prévoit des économies de 270 millions grâce à «l'amélioration de l'efficience dans la dispensation des services». Le plan prévoit des «projets de réorganisation du travail» et des «projets Lean dans chaque établissement». Dans le dernier cas, le but est d'«éliminer les coûts inutiles» et d'«éviter le gaspillage», par exemple dans «l'utilisation du papier», a dit M. Bolduc.

Cent millions de dollars seront économisés selon lui dans «l'approvisionnement», notamment grâce au regroupement des achats des établissements et des agences. On prévoit économiser la même somme en ne remplaçant qu'un cadre sur deux qui partent à la retraite et en mettant sur pied - une fois encore - des «projets Lean» au Ministère et dans les agences. Yves Bolduc a indiqué que le nombre de cadres continuera d'augmenter, car le nombre d'employés est à la hausse. Il a fait valoir que le nombre d'employés par cadre était de 17,4 en 2008-2009, un excellent «taux d'encadrement», à ses yeux. Yves Bolduc prévoit enfin des économies de 70 millions dans les technologies de l'information, notamment grâce à l'implantation de la téléphonie IP et au regroupement des salles de serveurs.

Mais le plan ne prévoit ni l'élimination ni la fusion d'agences régionales de la santé. «Quand on a émis l'idée d'éliminer les agences, on a eu beaucoup de représentations de la part des régions, entre autres. On nous disait: «Ça veut dire que les décisions seront prises à Québec et que ça va créer des emplois à Québec, alors qu'on veut avoir les emplois en région et faire l'arbitrage en région»», a affirmé M. Bolduc. Le ministre a renoncé à fusionner des agences après avoir constaté qu'«on n'a pas tant d'agences que ça» (18) et que «c'est bien organisé». «Le message qu'on a eu, c'est que les gens préféraient faire un regroupement de certaines activités», a-t-il dit. Son plan prévoit une «révision des mandats des paliers national, régional et local», sans autre précision.

Yves Bolduc a démenti une conclusion du rapport du comité consultatif sur les finances publiques, un groupe d'économistes que son collègue des Finances, Raymond Bachand, avait mandaté pour proposer des mesures visant à retrouver l'équilibre budgétaire. Déposé en janvier dernier, le rapport affirme que l'existence d'une «double structure» - le Ministère et les agences - «a un coût direct non négligeable, estimé en 2009 à près de 600 millions de dollars par année». «C'est une fausseté à 100%», a lancé M. Bolduc. Les économistes Pierre Fortin, Robert Gagné, Luc Godbout et Claude Montmarquette ajoutent: «La double structure a surtout un impact sur le fonctionnement du système, qu'elle alourdit de façon considérable: les rôles respectifs ne sont pas clairement répartis, et il existe des chevauchements entre l'administration centrale et les agences régionales.» Selon M. Bolduc, ils sont dans l'erreur.