Dans la nuit du 19 au 20 octobre dernier, Caroline de Bellefeuille a accouché de son troisième enfant, la petite Abygail, à la maison de naissance du CSSS de l'Ouest-de-l'Île à Pointe-Claire. À peine quelques heures après cet accouchement, La Presse était au chevet de cette maman radieuse, qui n'avait que de bons mots pour les soins qu'elles avaient toutes deux reçus.

«Pour mes deux autres enfants, j'ai accouché à l'hôpital. Mais pour mon dernier, je voulais un accouchement naturel, dans un environnement paisible. Ça s'est super bien déroulé», disait Mme de Bellefeuille pendant que sa sage-femme, Fabienne Gagné, écoutait le coeur du bébé.

La nouvelle maman a accouché dans l'une des quatre chambres de la maison de naissances de Pointe-Claire. Ces belles grandes pièces lumineuses sont décorées comme à la maison. Toutes possèdent une salle de bains complète.

C'est d'ailleurs dans sa baignoire que Mme de Bellefeuille a accouché. «J'ai voulu prendre un bain pour me détendre. Mais tout s'est passé super vite. J'ai senti que la tête du bébé sortait! J'ai accouché dans le bain», raconte-t-elle.

Cette résidante de L'Île-Perrot a été chanceuse de pouvoir accoucher en maison de naissance. Car les listes d'attente sont longues. «On ne fait aucune publicité, mais les listes s'allongent. On ne peut voir qu'une femme sur trois ou quatre environ», rapporte Mme Gagné.

Les 10 sages-femmes de la maison de naissance de Pointe-Claire accouchent en moyenne quatre patientes par mois chacune. Environ 25% des naissances se déroulent à domicile, 0,5% à l'hôpital et le reste à la maison de naissance.

Pour assurer le confort des femmes durant leur séjour en maison de naissance, des aides sont présentes en tout temps. Elles font le ménage et le lavage, et nourrissent les mères.

Accoucher à la maison

Marie-Claude Pelletier est l'une d'entre elles. Elle a elle-même accouché de son premier enfant, Alexis, à cet endroit. «Accoucher, ce n'est pas une pathologie. Ici, on a une belle intimité. Et on ne traite pas les mères comme si elles étaient malades!» note-t-elle, tout en préparant une bonne soupe maison pour Mme de Bellefeuille.

Lori Kohler a vécu sa première grossesse alors qu'elle séjournait en Suisse, il y a quelques années. «Là bas, la pratique sage-femme est plus répandue. Me trouver une sage-femme a été facile! J'ai accouché avec elle en maison de naissance. C'était génial», raconte-t-elle.

De retour à Montréal, cette résidante de Notre-Dame-de-Grâce est à nouveau tombée enceinte il y a deux ans. «J'ai alors voulu me trouver une sage-femme. Mais je me suis vite rendu compte que c'était pas mal plus difficile qu'en Suisse! Je me suis mise sur les listes d'attente. Et j'ai eu la chance d'être choisie à la maison de naissance de Pointe-Claire», témoigne-t-elle.

Cette fois-ci, Mme Kohler a décidé d'accoucher à la maison, avec la sage-femme Fabienne Gagné. «L'expérience a été parfaite. J'ai accouché dans ma baignoire. Dans mes affaires. Toutes les femmes qui le veulent devraient pouvoir accoucher avec une sage-femme au Québec. Notre système actuel est trop médicalisé. Le réseau de la santé est achalandé. Pourquoi on ne donne pas tous les accouchements simples aux sages-femmes pour laisser les plus difficiles aux médecins?» demande Mme Kohler.