L'imposition d'une taxe sur les boissons gazeuses et autres breuvages sucrés ne serait peut-être pas efficace pour lutter contre l'obésité mais elle aurait probablement des effets bénéfiques sur la santé publique, conclut un nouveau rapport rendu public lundi dans le cadre du Congrès canadien pour la santé vasculaire.

D'après l'étude commandée par la Fondation des maladies du coeur, rien ne permet de conclure avec certitude qu'une hausse - même importante - du prix des boissons sucrées en diminuerait la consommation. Il n'existe en outre aucune preuve que les consommateurs remplaceraient leur boisson gazeuse préférée ou leur jus sucré par un liquide moins calorique ou meilleur pour la santé.

Le chercheur Guy Faulkner, de l'Université de Toronto, souligne cependant qu'une telle mesure pourrait envoyer un message fort à la population au sujet de la bonne alimentation tout en augmentant les ressources financières des gouvernements dans leur lutte contre l'obésité.

Une majorité d'experts consultés par le docteur Faulkner reconnaissent que l'imposition d'une nouvelle taxe équivaudrait à «un acte de foi» mais ils estiment qu'elle risque d'avoir des effets bénéfiques à plus long terme, surtout si elle est combinée à d'autres mesures comme des subventions à l'achat de fruits et de légumes.

La Coalition québécoise sur la problématique du poids s'est réjouie des conclusions de l'étude, qui appuient ses revendications. L'organisation milite en effet depuis un certain temps pour l'imposition d'une taxe sur les boissons sucrées comme les boissons gazeuses, les jus et plusieurs sortes de thé glacé, entre autres. L'eau embouteillée, les jus sans sucre, les boissons sucrées avec un édulcorant et le lait seraient exemptés de cette taxe.

La coalition invite le gouvernement du Québec à se pencher sur cette idée en prévision de son prochain budget «puisqu'il existe présentement un consensus scientifique» sur la question. L'organisation rappelle que des recherches ont très clairement lié la consommation quotidienne de boisson gazeuse à l'obésité chez les jeunes.

Dans un communiqué, le groupe chapeauté par l'Association pour la santé publique du Québec souligne que ce problème coûte plusieurs centaines de millions de dollars par an aux contribuables en traitements pour les maladies du coeur, le cancer et autres maux que le surpoids est susceptible de causer ou d'aggraver.

Une autre étude rendue publique lundi permet d'entrevoir les conséquences désastreuses de l'obésité sur la santé et les finances publiques, à moyen terme.

Des chercheurs ont en effet découvert que les artères des enfants obèses vieillissaient plus rapidement que celles des enfants de poids normal. Or, chez les adultes, un durcissement des artères permet de prédire avec beaucoup d'exactitude des maladies cardiaques à venir ainsi que la mortalité cardiaque.

On ne sait pas pour l'instant si les changements observés sont réversibles.

Le docteur Kevin Harris de l'hôpital pour enfants de la Colombie-Britannique a révélé que les 63 enfants et adolescents obèses qu'il avait examinés dans le cadre de son projet de recherche avaient une pression artérielle et un taux de cholestérol normaux.

Pour le porte-parole de la Fondation canadienne des maladies du coeur, le docteur George Honos, les changements dans l'élasticité des vaisseaux sanguins des enfants obèses sont «alarmants».

«Nos enfants sont à risque. Une alimentation malsaine et la sédentarité menacent leur santé et leur bien-être. Nous devons repenser les habitudes de vie que la société considère comme normales afin de préserver la santé à venir des nos jeunes», a-t-il insisté, dans un communiqué.

Le docteur Honos a rappelé que le taux d'obésité chez les jeunes avait triplé au cours des 25 dernières années. Plus du quart des enfants canadiens de 2 à 17 ans sont en surpoids ou carrément obèses.