La pagaille qui règne dans la mise au point du Dossier santé Québec (DSQ) devient encore plus évidente. Un quatrième patron vient de quitter la barre du plus important projet informatique du gouvernement du Québec, qui devait permettre aux médecins d'avoir accès par ordinateur à l'ensemble du dossier médical d'un patient.

Hier, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a refusé de commenter ce départ. Le programme, cofinancé par Ottawa, devient un casse-tête : l'organisme Inforoute Canada rembourse la moitié des coûts, mais à la condition expresse qu'il puisse constater que le système fonctionne. Or, Québec avait déjà englouti 274 millions de dollars dans le DSQ en mars dernier. Le 12 juillet, le fédéral n'y avait mis que 111 millions, car 160 millions déboursés par Québec n'avaient pas encore produit de résultats jugés acceptables par le bailleur de fonds fédéral.

Responsable des technologies de l'information au ministère de la Santé, Marc Vézina avait succédé au sous-ministre adjoint Bernard Lefrançois, qui s'était décrit comme «le pilote dans l'avion» du DSQ.

M. Vézina vient d'annoncer son départ pour le secteur privé. En juin dernier, quand La Presse a évoqué les problèmes du projet et le départ de M. Lefrançois, le ministre Yves Bolduc avait répliqué qu'il avait pleine confiance en son successeur, M. Vézina.

Déjà, M. Lefrançois avait pris la relève du Dr André Simard, qui présidait aux destinées du projet depuis le départ du sous-ministre Maurice Boisvert.

Des sources au Ministère décrivent l'atmosphère d'incertitude qui entoure désormais toute cette aventure, dont les résultats tardent à venir. Les firmes privées font toujours fonctionner à grands frais des équipes de consultants au Ministère et dans des organismes, sans progrès notable toutefois. On a mis l'accent récemment sur le volet «médicaments» du système informatique, pris en charge par TELUS, qui avait déjà un produit commercial approprié.

Mais du côté médical, c'est une tout autre histoire. Le DSQ devait aussi permettre l'échange des dossiers et de l'imagerie médicale. Les fédérations de médecins et les groupes du secteur de la santé ont demandé des rencontres pour connaître l'état du projet, sans réponse du Ministère.

En juin dernier, La Presse avait dévoilé que des éléments du projet, conçus à grands frais, étaient déjà désuets parce qu'ils arrivaient bien plus tard que prévu, après d'autres innovations technologiques. C'était le cas du visualiseur, l'interface nécessaire pour accéder à la base de données.