L'automne dernier, l'ancienne ministre déléguée aux services sociaux, Lise Thériault, avait adopté la loi 86, qui prévoyait des changements à la Loi sur la certification des résidences privées pour aînés. Cela faisait suite à la publication dans La Presse d'une série d'articles qui avaient révélé que la formation des employés dans les résidences privées pour aînés était déficiente. Mais aucun changement à la loi n'a été apporté jusqu'à maintenant, dénoncent différents groupes.

L'un des propriétaires du Manoir Philippe-Alexandre de Saint-Jérôme, dont une locataire de 83 ans est morte dans l'incendie de son logement, la semaine dernière, croit qu'il est plus que temps que le gouvernement resserre ses exigences. «Ma résidence était conforme. Mais une de mes locataires est tout de même morte. C'est la preuve que les critères ne sont pas assez sévères», a reconnu Louis-Philippe Forest.

Encore troublé par ce décès, M. Forest ne comprend pas que le gouvernement accepte d'assouplir ses normes de sécurité incendie, comme l'a révélé La Presse hier. «C'est le contraire qu'il faut faire!» dit-il.

Le Manoir Philippe-Alexandre était conforme aux règlements ministériels. Puisque aucun service n'y était offert, l'établissement n'avait pas à être certifié.

Désireux de «donner l'exemple», M. Forest a décidé de resserrer les normes de sécurité incendie dans trois de ses quatre établissements, même s'il n'y est pas obligé. «Ma plus récente bâtisse respecte déjà des normes plus poussées que demandé. Mais dans les autres établissements, on va faire des exercices d'évacuation même si on n'est pas obligé de le faire, dit-il. On va aussi installer tous les dispositifs qu'il faut.»

M. Forest reconnaît qu'il s'agit d'un investissement important. «Mais comme propriétaire, il faut avoir à coeur le bien-être des personnes âgées. Il ne faut pas que ça nous dérange d'investir pour assurer leur sécurité, quitte à laisser tomber les grosses vacances et l'achat d'une Mercedes.»

M. Forest évoque toutefois le fait que le taux d'occupation des résidences privées est de plus en plus bas et qu'il est donc ardu d'emprunter. «Le gouvernement pourrait envisager de créer des prêts pour les propriétaires désireux de se conformer», croit-il, tout en réitérant l'importance de resserrer les critères de sécurité.

Jeff Begley, vice-président de la CSN, croit que «le gouvernement ne peut plus faire semblant de ne pas savoir». «Des changements doivent être apportés à la certification», plaide-t-il.

La directrice générale de l'Association québécoise des établissements de santé (AQESSS), Lise Denis, croit qu'il y a «beaucoup de choses à améliorer par rapport à la sécurité et à la qualité des services» dans les résidences privées.

Le président de la Fédération des préposés aux bénéficiaires du Québec, Michel Lemelin, déplore que rien n'ait été fait depuis un an pour resserrer les critères de formation des employés des résidences privées. «Une table avait été formée au gouvernement. Mais on n'a rien conclu», dit-il.

Au ministère de la Santé et des Services sociaux, on se contente de dire que des discussions sont en cours à ce sujet.