Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) ne semble pas inquiet outre mesure des antécédents judiciaires des propriétaires et employés des résidences privées pour personnes âgées, a constaté La Presse.

Alors que tous les propriétaires devaient auparavant se soumettre à une vérification complète de leurs antécédents judiciaires, depuis le début de l'été, les agences de la santé ne poussent leurs recherches que si elles ont des doutes.

Carole Labelle, coordonnatrice interrégionale de la certification des résidences privées pour personnes âgées de Laval-Laurentides-Lanaudière, confirme que la procédure de vérification a été modifiée à l'été.

«Par exemple, si un propriétaire déclare qu'il a un casier et que j'ai un doute sur la gravité des gestes qu'il a commis, je poursuis les recherches. Sinon, je ne pousse pas», déclare Mme Labelle, qui précise que ces recherches ne sont faites que pour environ 1% des propriétaires fautifs.

Directeur des personnes âgées en perte d'autonomie au MSSS, Christian Gagné confirme que le gouvernement a décidé de «laisser la décision à l'agence». «La philosophie qui sous-tend la démarche est que les propriétaires sont de bonne foi. Malheureusement, il peut y avoir un cas ou deux à risque. Mais on a des gens sur le terrain qui connaissent les propriétaires et veillent au grain», assure-t-il.

Louis Plamondon, président de l'Association québécoise de défense des droits des retraités (AQDR), est complètement outré: «Tout comme les pédophiles font tout pour s'approcher des enfants, les escrocs tentent de s'approcher des aînés vulnérables. En changeant ses règles, le Ministère compromet la sécurité des aînés», dit-il.

Pas aux employés

M. Plamondon ajoute que Québec refuse également de rendre obligatoire la vérification des antécédents judiciaires du personnel des résidences privées pour aînés, ce qui est selon lui inacceptable.

M. Plamondon ne comprend pas que les employés de résidences privées ne fassent pas l'objet d'un dépistage systématique alors que le gouvernement vérifie les antécédents judiciaires des éducatrices en garderie.

Dans une lettre envoyée au MSSS en 2008, que La Presse a obtenue, le comité de vigie aînés du Service de police de la Ville de Montréal avait pourtant écrit: «Toute administration (incluant les membres du personnel) offrant des services aux clientèles vulnérables devrait procéder à la vérification des antécédents judiciaires afin d'éviter les abus dont sont trop souvent victimes nos aînés.»

Le MSSS a répondu qu'il y a un «roulement important de personnel» dans les résidences pour personnes âgées et que, «puisqu'il s'agit de ressources privées, il appartient au propriétaire de faire les vérifications qui s'imposent avant l'embauche d'un nouvel intervenant».

M. Plamondon n'en revient pas que le MSSS aille ainsi à l'encontre d'un avis de la police: «Le filtrage systématique des employés est essentiel pour éviter que des escrocs viennent travailler avec les aînés vulnérables. Pourquoi accepte-t-on de le faire pour les employés des garderies et des écoles, mais pas pour ceux des résidences pour personnes âgées? demande M. Plamondon. Ce délaissement de la sécurité des aînés, c'est sans rationalité juridique.»